Histoire d’un tube #2 : « (I can’t get no) Satisfaction »

Pour ce deuxième numéro d’« Histoire d’un tube », je vous emmène dans les années 60, et plus précisément du côté de l’Angleterre. Autrement dit, le berceau des deux groupes de rock légendaires que sont les Beatles et les Rolling Stones. Si on me demandait vers lequel de ces deux monstres sacrés mon cœur penche, je me garderais bien de répondre, je ne peux pas me permettre de perdre 50 % de mon lectorat… Quoi qu’il en soit, je voudrais vous parler aujourd’hui de la genèse du titre le plus populaire des Stones, (I can’t get no) Satisfaction (non ce n’est pas un indice quant à ma préférence…).

The Rolling Stones

 

Nous sommes en 1964, à Carlton Hill, un célèbre quartier londonien où Keith Richards possède un appartement. Ce n’est un secret pour personne, ce guitariste indescriptible est, notamment à cette époque, constamment entre 2 histoires de cœur, 2 bouteilles de whisky, et deux défonces. Or, son inspiration créatrice a la fâcheuse habitude de jaillir de son esprit quand il est stone (tu l’as ?). C’est fort dommageable étant donné qu’il est souvent infoutu de se souvenir de ce qu’il a engendré, lorsqu’il se réveille et qu’il a suffisamment cuvé ses excès pour mettre tout ça sur papier.

« Au départ, le peintre a une toile. L’écrivain a une feuille de papier. Le musicien, lui, a le silence. »

Keith Richards

C’est pourquoi, ce soir-là, Keith a une idée de génie. Après avoir fumé sa soixante-dixième cigarette de la journée, s’être copieusement arrosé le gosier et brulé les cloisons nasales, il décide de mettre une cassette vierge dans son magnétophone à déclenchement automatique. Le lendemain, lorsqu’il émerge de sa torpeur chimico-éthylique, il ne se souvient évidemment de rien, pas même d’avoir enclenché le magnéto. Ce n’est que quelques semaines après qu’il retombera sur la cassette sur laquelle figure le fameux riff de guitare et un grommellement qu’il déchiffre par « I can’t get no, satisfaction », suivi de quarante minutes de ronflements particulièrement sonores.

Pédale Maestro Fuzz Tone
La fameuse pédale Maestro Fuzz Tone

Quelques mois plus tard, Keith Richards rejoue ce riff au bord de la piscine de Mick Jagger, en fredonnant le refrain entêtant. Celui-ci est emballé par cette ébauche de chanson et se lance dans l’écriture du reste de la chanson. Quatre jours après, les Stones rentrent en studio pour enregistrer le morceau. Keith voudrait une section de cuivres pour accompagner sa guitare, mais ce n’est pas l’avis du manager du groupe à l’époque, Andrew Loog Oldham. Lui préfère que Richards utilise la première pédale d’effet de l’histoire, la « Maestro Fuzz Tone ». Et bien lui en a pris puisque ce single deviendra un classique et un succès populaire. Sans compter que tout le monde prendra la suite des Rolling Stones en utilisant la pédale « Fuzz », pionnière des effets guitares dans les décennies suivantes.

« Les gens pensent qu’ils te connaissent. Ils ne savent que les trucs que tu as oubliés. »

Mick Jagger

Si les paroles de Mick Jagger sur ce titre ont pu prêter un temps le flanc à la critique, cela n’a pas nui au succès du single. En effet, le sujet principal reste la frustration ressentie par les Stones face à la société consumériste. Et si certains couplets peuvent être ressentis comme une incitation à consommer de la marijuana, ou encore à stigmatiser les filles, Jagger s’en est toujours défendu et on a très envie de le croire. Quoi qu’il en soit, les chiffres sont là : plus de 500 000 exemplaires vendus, juste entre le 6 juin 1965, date de sortie, et le 19 juillet de la même année ; sans oublier sa deuxième place sur le podium des plus grandes chansons de tous les temps, en 2003, par le magazine Rolling Stone.

Jagger et Richards au travail
Jagger et Richards en plein boulot.

Il serait vain de compter tous les artistes qui ont repris « Satisfaction » depuis sa parution, ils sont beaucoup trop nombreux. De Jimi Hendrix à John Scofield, en passant par James Brown, Samantha Fox et Britney Spears… Choisir c’est renoncer, c’est vrai, mais puisqu’il faut bien se décider, je vous laisse écouter le cover des brésiliens de « Rocket » que je trouve très réussi. Et si de surcroît cela vous permet de découvrir ce groupe, je n’en aurais que plus de satisfaction ! (j’adore l’humour)

Enjoy !

La quasi totalité des sources de cet article sont tirées de l’autobiographie de Keith Richards intitulée Life chez Robert Laffont.

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