American Psycho ou l’horreur en face

 

Dans un monde où l’argent et le paraître sont les mamelles du succès, Patrick Bateman, héros du livre « American Psycho » a tout pour lui. Golden boy pendant les années 80, il est beau, sportif et riche. Cet associé de la Chemical Bank et son ambition sans faille nous ramène dans les années folles, celles d’avant le 11 septembre 2001 et de la crise des subprimes de 2008. Et pour cause, ce roman mythique de Bret Easton Ellis est paru en 1991. Patrick Bateman a tout pour plaire disais-je, mais à un détail près : une fois la nuit tombée, il viole torture et tue.

american psycho

C’est là où les avis divergent : « on ne peut pas dire que c’est un héros étant donnée la violence qui habite ce monstre ! ». Le nœud du débat réside dans le fait que Ellis fait de son tueur le narrateur du roman. Nous lecteurs, sommes dans sa tête pendant 500 pages. Nous sommes les témoins de son obsession pour la mode et de ses innombrables et interminables descriptions de ses tenues et de celles de ses amis, comme sorties d’un article de GQ. Nous partageons sa passion pour le Hi-tech (de l’époque) dont il possède toutes les nouveautés (walkman, chaine hi-fi avec lecteur CD…) et qu’il nous détaille façon fiche technique de Wikipédia (qui ne verra le jour que 10 ans après la parution du bouquin). Et surtout, nous sommes aux premières loges de ses fantasmes sexuels, ses pulsions de meurtres, ses tortures pré et post-mortem. L’empathie pour l’horreur, l’inhumain et l’indicible dont fait preuve la narration est extrêmement dérangeante mais totalement pragmatique. L’auteur touche ici du doigt la folie qui habite tout tueur en série de l’histoire de l’humanité. Ainsi, il n’y a pas de demi-mesure concernant cet ouvrage : soit on l’adore, soit on le déteste.

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En conclusion, je dirais que le génie de Bret Easton Ellis réside dans le fait que l’on aime ou l’on exècre « American Psycho » pour une seule et même raison : parce qu’il est indubitablement réaliste et de ce fait, merveilleusement écrit. Dès sa sortie il fut décrié et parfois censuré, ce qui ne l’empêchera pas d’être, à juste titre à mon avis, un best-seller mondial.

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