Pour les Dimanches pluvieux je préconise toujours un bon thé, un plaid en mohair et un vieux film. En général, j’aurais tendance à conseiller Les 10 Commandements. Oui, parce que voir Charlton Heston à moitié nu pendant 4h, ça ne peut que vous réchauffer la plus frileuse des journées chômées.
Mais ça c’était avant ce Dimanche.
Dimanche, j’ai regardé Autant en emporte le vent. Parce que je trouvais que c’était de saison. Pis ça me taraudait depuis un moment : pourquoi ce film était ce qu’il était, un classique, une référence, un monument et un attrape-Oscars ? Et pourquoi est-ce que j’ai toujours eu l’impression que ce film faisait sourire les gens ? Comme s’il était un peu ridicule, nian-nian, pire : #old.
Gone with the wind donc. Ça fait très Elton John. Et moi, Elton, je l’aime bien. Oui aujourd’hui je vous fais des confessions inavouables.
Sorti en 1939, ce film va suivre une sudiste qui n’a pas froid aux yeux et a un coeur d’artichaut. En gros. Et sans me positionner comme une spécialiste du genre (je parle de film hein, pas de coeur d’artichaut), j’ai été très surprise par la modernité du scénario, par le rapport qu’entretiennent nos héros pas tellement héroïques. Et je vous préviens. Je vais spoiler à mort parce que bon, à part moi, qui en 2012 n’a pas encore vu ce chef d’oeuvre ?
Bon déjà. A qui pensaient-ils faire croire que Vivien Leigh démarre le film avec 16 années au compteur ? Non parce que si elle est belle à se damner, elle a autant 16 ans que moi. C’est peu dire. Après, on oublie vite ce détail car l’histoire nous emporte. Avec le vent donc.
On démarre dans une belle propriété, Tara de son p’tit nom. L’ambiance est un peu tendue car visiblement les Yankees ont décidé de conquérir le Sud et on s’attend d’une minute à l’autre à ce que la guerre soit déclarée.
Scarlett (Vivien inside) porte une robe à frous frous, c’est à dire qu’il y en a tellement que je ne peux m’empêcher de me demander comment elle s’y prend quand elle doit aller aux petits coins. Ben oui. Même Scarlett a des besoins triviaux. Bref. Je vous préviens, on ne le saura jamais car le film a décidé de ne pas traiter des vrais problèmes.
Scarlett est belle et tous les hommes de la région sont amoureux d’elle. Même vous, vous verrez. Mais Scarlett est amoureuse d’un type qui pourrait être son père, Ashley (en plus il a un prénom de fille, et le pire, c’est que son nom de la vraie vie est aussi un prénom de fille. Leslie. C’te honte), qui n’a pas joué franc-jeu avec elle en la laissant espérer et qui va pourtant se marier avec sa cousine. A l’époque, on ne s’encombre pas de l’éthique. “T’es ma cousine, je suis ton cousin, on se connaît, pas de surprise, et avec un peu de chance nos enfants seront en bonne santé”.
De dépit, Miss O’Hara épouse en quatrième vitesse un garçon au visage poupon qui la regarde avec les yeux de l’amour.
Paf.
La guerre de Sécession éclate. Tous ces jeunes gens partent au front. Tous ? Non. Un irréductible n’a pas été invité, tout viré de l’armée qu’il est. Rhett. Rhett Butler. Tout en moustache et oreilles décollées, il n’en est pas moins über séduisant et là on se dit (enfin, je) “bah ça alors, mais il est beau en fait Clark Gable ?!”.
Rhett a reperé Scarlett. Superbe, odieuse, égocentrique, intéressée et cupide. Il voit en elle son alter ego et ne tarde pas à lui faire savoir. Sauf que le timing dans ce film, c’est une grosse blague : quand il se décide à lui dire des trucs sympas, Scarlett est veuve. Bon. Pas malheureuse hein, n’oublions pas qu’elle n’était pas éprise de son mari. Mais veuve et contrainte à respecter un temps une attitude honorable. Elle vit alors avec la fameuse cousine, Mélanie, une femme généreuse et intelligente qui ne se doute pas une seconde que sa Scarlett chérie envisage de lui piquer son mari à la première occasion.
Notre veuve s’ennuie, étouffe dans ses robes noires, pis la guerre ne l’amuse pas. Pas d’hommes pour la courtiser, par contre beaucoup de blessés, beaucoup de sang, elle aide Mélanie à soigner tout ce monde mais entre nous, hein, elle préférait un bon pique-nique avec une ombrelle.
Alors que la guerre fait rage et que les types du Nord sont aux portes de la ville, Scarlett en a sa claque. Elle prend la décision de quitter la ville pour rejoindre Tara et ses parents. Le temps d’accoucher la brave Mélanie avec les moyens du bord et elle appelle Rhett pour qu’il ait la gentillesse de lui trouver une voiture et de l’emmener loin de cet enfer.
C’est un brave gars Butler. Il se la joue un peu mais au final, il est là quand elle a besoin. Jusqu’au moment où la culpabilité le terrasse. A force de croiser tous ces soldats unijambistes, il a honte et décide de s’enrôler.
Scarlett retrouve un domaine dévasté. Maman est morte, Papa est devenu fou de chagrin et les frangines sont inutiles. Elle ne se laisse pas abattre et se rappelant avec ferveur les paroles de son paternel sur l’importance de la terre, de sa terre, elle plante du coton et fait tourner la maison.
Les mois passent, les Yankees ont gagné. Les impôts excessifs poussent notre brunette à rechercher Rhett. Riche comme il est, il va bien lui donner quelques billets en échange d’un baiser non ? Pas de bol, à ce moment là il joue au poker avec ses geôliers mais sinon ça aurait été avec plaisir.
Scarlett ayant toujours plusieurs cordes à son arc, pis dans la vie, faut pas s’en faire, elle vole le prétendant de sa frangine, qui vient d’ouvrir un commerce en ville et dont les affaires marchent au poil. Alors elle se brouille un peu avec sa soeur. Mais bon, elle a sauvé Tara de l’expropriation pis elle est de nouveau bien habillée avec des robes qui exigent deux servantes (noires, les servantes) pour l’enfiler. D’une certaine manière, elle relance l’économie.
Son premier amour et accessoirement mari de Mélanie rentre vaincu mais pas mort. Ce qui est déjà pas mal et voilà notre mistinguette décidé à faire valoir ses charmes. Bon. Ce n’est pas concluant, il s’avère que monsieur préfère son épouse. Mais il se laisse embaucher à la scierie que miss dirige, comme ça ils ne sont jamais trop éloignés l’un de l’autre.
La vie reprend à Atlanta. Rhett sort de prison. Sa dulcinée est encore mariée, décidément. Mais pas pour longtemps. Alors qu’au détour d’un chemin elle se fait agresser par deux bandits, son mari, vieux mais pas prêteur va lancer une attaque vengeresse pour sauver l’honneur de la bafouée. Sauf qu’il n’a rien d’un tireur d’élite et y laisse sa peau. Rebelote, on ressort les robes lugubres et la mine de circonstance.
Mais cette fois Rhett ne va pas attendre qu’on lui chipe encore son butin. Il met un genou à terre à peine le cercueil enseveli. Pis Scarlett qui est bonne en maths voit tout de suite qu’elle juteuse association ils feront ensemble.
Ils sont richissimes. Du genre, vraiment riches. Elle lui donne un enfant, une fille. Elle n’a pas vraiment la fibre maternelle. Toujours aussi égoïste la Scarlett. On joue beaucoup à « je t’aime moi non plus » à la maison.
Alors que Rhett pense avoir gagné la partie, que sa femme a cédé et l’aime enfin, il la surprend en train d’admirer le médaillon du bellâtre du début. Furax, il emmène sa fille en voyage, prêt à divorcer. Oui. c’est un précurseur le Rhett.
Et là, Scarlett commence à comprendre. Qu’il lui manque, que peut être elle l’aime un peu.
A peine est-il rentré qu’une dispute éclate et Scarlett chute dans les escaliers. Après une courte convalescence, c’est leur fillette qui tombe à poney (oui, il y a même des poneys dans ce film) et meurt. Ravagés par le chagrin, ils doivent pourtant faire preuve de courage quand c’est Mélanie qui passe l’arme à gauche.
Vous l’aurez compris, ça finit mal Autant en emporte le vent.
Le mari de la cousine, Ashley est inconsolable. Scarlett est dévastée et Rhett est convaincu qu’elle va profiter que la voie soit libre pour partir retrouver enfin son amour Ashley.
Grave erreur Rhett. Grave erreur. Ta femme a eu le temps de réfléchir. Et elle a réalisé que cet amour pour Ashley n’était qu’un caprice de jeunesse et qu’elle t’aime, toi, avec ta moustache et tes oreilles décollées.
Elle va te le dire, te le pleurer, te supplier, elle pourtant si fière mais tu n’entendras rien (et pourtant, tu as les appendices adéquats). Tu vas partir sans lui jeter un regard.
Scarlett va donc pleurer un coup dans les escaliers avant de relever la tête, le regard brillant, tourné vers le souvenir de Tara. Tara, sa terre, son amour de toujours. C’est décidé, demain elle repart vivre à la campagne. Seule. Mais plus forte que jamais.
Voilà.
Pas de happy end. Pas de baiser romantique sur fond de soleil couchant. Juste une silhouette, celle de Vivien Leigh, en contre jour, devant le domaine majestueux de Tara. Et plein de questions : Hein ? Quoi ? Mais en fait il la quitte ? Mais ? Quoi ! Musique. Violons. Fin.
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