Bloodywood, Hindi metal

Bloodywood, contraction de Blood (comment ne pas penser à Sepultura et son “Roots, bloody roots” ?) et Bollywood; un nom ironique pour un groupe qui se voulait au départ strictement humoristique et parodique. Car les clichés sanguinolents et violents sur le death metal sont bien loin des valeurs traditionnelles hindouistes mais le groupe de New Delhi, formé par Karan Katiyar en 2016, va connaître un tout autre destin.

Avec des morceaux musicalement qualitatifs et des textes très engagés sur les différents aspects de la société indienne, la notoriété des Bloodywood va progressivement dépasser les frontières du Youtube local où sont postées les premières oeuvres et reprises, comme celle du “Heavy” de Linkin Park. Et c’est en 2022, avec “Dana Dan”, un morceau hautement féministe qui ne mâche pas ses mots envers les pires ordures du genre masculin, que leur popularité explose dans le monde entier.

L’Indian Folk Metal est plébiscité et l’engagement social des membres loué. Petit extrait traduit :

 

“I put a fist through the face of a rapist
And yeah, I tape this
For the viewing pleasure of the nameless faces he disgraces
And yeah one day I may change his kind with my mind, but
I won’t bow to the beast, never make peace
It feasts only if you’re gonna let it eat
So the wife beater ’boutta get a beating on the beat
I’ma get ’em at the home and the street
Dead mеat, delete, going off likе a time bomb
White heat, choke ’em out like a python
Bonafide homicide then we’re gonna ride on
Up into your mind and then we’re gonna fight on”.

 

Dans un pays en proie aux conséquences dramatiques de décennies de fœticides et féminicides, avec un ratio sexuel de plus de soixante trois millions de conjointes manquantes dans tout le pays (chiffre recensé en 2018), le statut des femmes, leur sécurité et leur considération dans la société est, pour rester polie, vulnérable… sic(k).

Heureusement tout le monde ne partage pas l’avis du jeune retraité Robert Smith qui déclarait jadis que la musique n’avait pas à porter d’étendards; nos cinq Dilliwalahs sont des alliés sur qui compter dans cette lutte pour le respect des femmes. D’ailleurs la jeune danseuse au visage bleu, dans le clip, représente la déesse Kali, incarnation de l’énergie féminine, de la créativité, de la fertilité, souvent associée à la sexualité et la violence et icône de résistance; le refrain, lui, invite à casser la g** de tous ces (fdp) tortionnaires.

CŒUR SUR BLOODYWOOD

Dernièrement, ils viennent de sortir un tout nouveau titre “Nu Delhi”, un hommage vibrant à leur ville, son ambivalence nourricière et criminelle et la culture indienne qu’ils défendent et chérissent. En attendant la sortie d’un album ?.

Face à l’hégémonie artistique anglo-saxonne de plus d’un siècle sur tout le globe, il est bon de rappeler qu’en Orient aussi on fait du bon rock.

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