S’il est bien un film que j’attendais sans trop savoir à quoi m’attendre, c’est bien celui-là.
Une fois n’est pas coutume, commençons par le fond de l’histoire : complexe, en chapitres, non chronologique ; on peut même carrément parler d’histoires-gigognes. Le but visé (on le sait dès la bande-annonce) c’est l’intemporalité. Le tout parlant d’amour, mais aussi plein d’autres choses, on vous le dit et on vous le répète. Ajoutons à ça un casting de luxe : Tom Hanks, Halle Berry, Hugo Weaving, Ben Whishaw…et d’autres encore, oui oui oui.
Côté pedigree : Tom Wyker et les deux Wachowski à la réalisation. On se dit que ça va être beau, de belles images léchées, des mises en scènes grandioses (et on a pas tort). Mais on se dit aussi que bon, si question scénario on retombe dans les mêmes errements qu’avec Matrix, on est pas sorti de l’auberge et on restera un peu sur sa faim. Mais bon, c’est le job, et puis je ne voulais pas passer, qui sait, à côté d’un éventuel chef d’oeuvre alors je suis allé voir. Verdict.
Alors voilà, disons-le tout de suite, il y a du bon – du très bon, même, à mon avis. L’histoire, vu qu’on a commencé par ça : sympathique d’abord, quelques sensibleries par moments mais rien de trop lourdingue. Compréhensible ? Oui, aussi, pourvu qu’on fasse l’effort de tenir jusqu’au bout. Une grosse claque ? Au niveau des effets visuels, carrément. L’aspect visuel du film mérite d’ailleurs qu’on s’y attache et je m’exécute :
Les acteurs d’abord ; du bon boulot à n’en pas douter. Mention particulière à Tom Hanks, Doona Bae, Ben Wishaw dans leurs rôles respectifs…oui, parce que vous vous en rendez vite compte, ils ont plusieurs rôles chacun et ça peut donner lieu à quelques surprises. Halle Berry sort du lot pour la période ‘années 70’ où elle colle parfaitement au rôle ; Hugo Weaving, lui, m’a beaucoup fait rire et c’est très bien – parce que question crédibilité, ça le fait, mais pas forcément toujours. Disons que c’est peut-être un des personnages les moins subtils.
Le découpage, volontairement, est rude ; on zape d’une facette de l’histoire et donc d’une période à l’autre sans transition, avec pour seuls repères les décors. Il en ressort donc des univers visuellement très différents, à la limite de la carricature parfois mais c’est peut-être mieux pour éviter d’être trop perdu. Attendez-vous à passer des haubans d’un clipper du 19ème aux sous-sols de Néo-Séoul en 2144, en passant par un 1973 ambiance polar garantie. Le film, d’ailleurs, abonde de références cinématographiques de genre ; pour la science-fiction par exemple, clins d’oeil appuyés à ‘Soleil Vert’ et à ‘Blade Runner’ (je trouve, pour les bas-fonds de Néo-Seoul).
Bref, sur ce point, contrat rempli.
Pour le fond, c’est plus mitigé à mon avis. On est assez loin de la révolution grandiose qu’on nous a vendu pendant des semaines, que dis-je, des mois ; la vraie nouveauté, c’est bien sûr ce découpage sportif qui fait s’interroger tant sur la cohérence de chaque histoire que sur son lien avec les cinq autres. C’est déroutant, certes, ça demande un certain effort de concentration… Mais finalement, ça reste des fils conducteurs qui s’entrecroisent juste un peu plus que la normale, quoi.
En revanche, c’est peut-être bien ce côté plus conventionnel que prévu qui fait de ‘Cloud Atlas‘ un film sans grandes ambitions mais, au final, plutôt réussi. Parce que le background philosoco-psychologique, le truc que la voix-off cherche à vous vendre, honnêtement, je suis complètement passé à côté. Pour être franc, même, évitez-le, ça gâcherait votre perception des faits, des personnages, des mondes que le trio de réalisateurs nous montre ici. Une fois ce problème évacué, on se retrouve avec un sextet (oui, cher Mr Sixsmith !!!) d’aventures qui sont un peu comme des contes. C’est bien fait, les protagonistes ont l’air de pas mal s’amuser dans un jeu d’acteurs polymorphes qui fleure bon son théâtre…high-tech. Parce que, hein, c’est les Wachowski.
La bande-annonce :
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