Depuis le 25 mai 2020, de nombreuses personnes de toutes origines et rangs sociaux confondus, connues ou inconnues, ont posé un genou à terre en guise de protestation contre l’assassinat de George Floyd par la police de Minneapolis, dans le Minnesota. Plus largement, ce geste est un moyen de contestation envers les nombreuses violences qui jalonnent l’histoire de ce pays, perpétrées à l’encontre des minorités, par les forces de l’ordre américaines.
Le premier à avoir profité de sa notoriété pour interpeller le monde sur ces crimes et injustices s’appelle Colin Kaepernick. C’est le 1er septembre 2016, alors qu’il est le quarterback titulaire des 49ers de San Francisco, que Colin pose son genou au sol pendant l’hymne national américain.
Le genou de la discorde
Le geste est largement relayé par les médias. Il est très clivant dans cette Amérique coupée en deux, durant cette période électorale qui verra Donald Trump succéder à Barack Obama. Il y a ceux qui pensent que l’on ne doit pas salir le drapeau américain par une quelconque manifestation et en face, ceux qui pensent que l’état se doit de respecter son peuple, quelle que soit sa couleur de peau. Kaepernick répètera son geste à chaque rencontre, entraînant avec lui de nombreux adeptes, pratiquant les sports les plus médiatisés outre Atlantique. Ce qui finira par faire sortir de ses gonds le « très pondéré » candidat Trump qui ira jusqu’à traiter le leader des 49ers de « fils de pute ». La meilleure réponse étant donnée par la mère de ce dernier qui arguera alors dans les médias que « cette déclaration faisait d’elle la pute la plus fière d’Amérique ».
Donald Trump deviendra quelques mois plus tard le 45ième président des Etats-Unis. Et il commencera son hallucinant mandat par peser de tout son poids sur les autorités de le ligue professionnelle de football américain, afin que Colin Kaepernick ne soit plus joueur en NFL. Dès 2017, ce dernier est blacklisté par toute les franchises et se retrouve au chômage forcé. Empêché d’exercer sa passion, il n’est pas découragé dans son activisme et reçoit en 2018 le « Muhammad Ali Legacy Award » par Sports Illustrated et le prix « Ambassadeur de la Conscience » d’Amnesty International. Le géant Netflix est même en train de préparer une série documentaire inspirée de sa vie.
L’Histoire est faite de révolutions et de bouleversements menés par des héros, qui mettent entre parenthèses leur vie afin de défendre et de servir une noble et juste cause. Colin Kaepernick en est sans conteste un. Le chemin est encore long, comme on le voit, mais grâce à lui, le combat pour la fraternité avance. Son courage et son pacifisme resteront à coup sûr dans les mémoires, bien plus durablement que le cynisme et le racisme dont font preuve ses détracteurs, au premier rang desquels figure l’improbable président Trump.