Conte défait…

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Ce soir, comme le précédent, dans mon lit j’attends que le marchand de sable me jette sa poudre aux yeux et que mes rêves minables deviennent merveilleux, que s’échappe d’un conte une fée bien roulée et qu’elle me raconte une histoire insensée…

Il était une fois, la mille et deuxième nuit, en banlieue de Détroit dans un quartier pourri, une fille nommée Princesse qui dans un bouge infâme, allait montrer ses fesses, mais sans vendre son âme, à des types éméchés, qui pour quelques dollars pouvaient même espérer, qu’elle lâche sa barre pour venir se frotter contre leur pantalon, récolter ses billets en les laissant tout con, avec l’eau à la bouche mais mouillant leur caleçon. Car personne ne touche à la belle lascive, elle est fruit défendu et toute tentative entraîne pied au cul et baiser au trottoir. Alors mieux vaut s’asseoir et mater sans broncher, que d’y laisser des plumes sans s’être fait plumer par celle qui les allume.
Ce soir, comme d’habitude, orchestrant son manège, elle offre en privilège une danse pas très prude, à un client qu’elle juge digne de ce prélude. Alors la belle s’affaire et par ses contorsions suscite des émotions qui ne sont plus mystère aux vues des proportions par lesquelles se reflète la pleine satisfaction que l’élu manifeste et qu’elle-même remarque :
« Je suis gênée monsieur de vous voir si heureux… »
Ce à quoi il réplique :
« Je crains de vous méprendre, c’est une baguette magique !
-C’est c’ que j’ai cru comprendre, lui dit-elle à l’oreille. Et si je fais un vœu, feriez-vous des merveilles ?
-Vous n’ verriez que du feu… »
Et là sort de sa poche un 44 magnum qui à première approche faisait de lui un homme. Il la prend en otage et termine le braquage, s’emparant de la caisse sans que personne ne bouge et qu’aucune main se baisse. Dehors, la voiture rouge en trombe démarre et fonce, Sur son siège elle déprime, craignant qu’il la défonce ou bien qu’il la supprime. Elle imagine un plan, met au point une combine pour se tirer avant qu’il ne tire la lapine. Se dit que le séduire distrairait l’attention et que de sort, le pire, elle réserve au bâton, sans détour de magie et qu’une fois étourdi, en douce pourrait filer sans se faire rattraper. Mais voilà qu’elle s’épuise à minauder en vain car toutes ses entreprises prennent le même chemin d’un échec si cuisant, qu’elle se sent cuite vraiment !
« Ecoute-moi bien poupée, lui dit d’une voix fluette, le bandit qui s’arrête net sur le bas côté. Je n’ te veux aucun mal alors cesse tes manœuvres. Il n’est aucune couleuvre ni sournois animal qui sortira de là. Aucun mâle appendice, ni même un artifice, ici tu n’ surprendras ! »
Princesse plonge sa main et ne trouve pas le loup mais un gentil minou, bien tout pareil au sien, qui vite apprivoisé se laisse caresser. Et derrière ses moustaches, la blonde qui se cache, sitôt baisse son arme laissant agir le charme, sans faire parler la poudre, mais tonne un coup de foudre, là, au 17ème ciel quand succombe la belle.
Depuis deux mâles, faisant voyous, écument les bars mal famés pour libérer une fille paumée, en partageant leur butin…

Et moi j’ me dis tous les matins que c’est à la fée bien roulée que j’ devrais conter des histoires plutôt que de me faire rouler par elle soir après soir et ses contes à dormir debout qui souvent ne valent pas un clou !

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