Femmes au foyer désespérées

« Je ne me retourne sur mon passé que maintenant et j’ai l’impression d’avoir été volée. J’ai l’impression que j’ai encore moins qu’au départ. Partout je ne vois qu’égoïsme et avidité, Christine. Je sens qu’ils sont en train de me bouffer la vie ». 

 

En France, c’est le très beau film La vie domestique, tiré d’un roman étranger. Je l’attendais avec impatience, en ce que les questions de condition féminine me passionnent depuis un certain temps maintenant.

 

En Angleterre, Arlington Park, c’est une banlieue résidentielle et bourgeoise. C’est également le titre de ce livre qui donne à Emmanuelle Devos l’occasion de se montrer sensible, humaine.

Le film est fortement inspiré d’un des personnages du livre (joué par notre actrice), quand le roman s’attache plus à une journée banale des femmes du quartier. Dans la foulée du film, j’ai cherché à aller plus loin – les romans sont souvent plus complets que les adaptations qui en sont faites.

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Il n’y a pas d’intrigue à proprement parler dans le récit : monté comme un reportage omniscient, nous suivons des femmes du quartier au cours d’une de leur journée, dans toutes leurs tâches quotidiennes mais aussi dans leurs pensées.

Nous les voyons de dépêtrer avec leurs enfants, leur mari, le ménage, les courses, les diners entre amis et surtout leur solitude.

Le roman tire sa force de cet exposé sans concessions de la vie des femmes de banlieues. Des Desperate Housewives, sans doute, mais dont l’intrigue repose exclusivement sur leur gestion personnelle de l’ennui.

 

Dans cet univers, l’union ne fait pas la force. Ces femmes se jalousent, sont frustrées et gèrent tant bien que mal leur situation. Ce qui les unit, sans qu’elles n’en parlent jamais les unes avec les autres, seulement avec leur conscience, c’est qu’elles sont passées à côté de leur vie. arlingtonpark_zps11a78dc1

 

Ce roman féministe dépeint clairement le tableau de la vie d’une femme mariée, avec enfants, sans emploi ou alors sacrifié devant celui de l’époux. Il nous montre toute la difficulté qui perdure à être une femme dans le monde occidental – oui, beaucoup reste à faire.

 

Toutefois, le récit est sombre et laisse un goût amer dans la bouche après lecture en ce qu’il ne propose pas de solution pour mieux vivre sa féminité : être en couple, devenir mère et se réaliser en même temps. Arlington Park laisse à penser que l’équation est impossible à résoudre, et pour ma part, j’espère que c’est faux.

 

« Il y a cent ans de cela une femme savait que sa vie serait finie à l’instant où elle serait enceinte. »

 

 

Femmes au foyer désespérées

Titre : Arlington Park

Auteur : Rachel Cusk

Editeur : Editions de l’Olivier

ISBN : 9782879295749

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