On a beaucoup entendu parler ces derniers jours du documentaire de Marie Portolano, Je ne suis pas une salope. Cette dernière interviewe plusieurs femmes journalistes sportives pour leur demander de témoigner sur leur quotidien au sein des rédactions, dans un milieu majoritairement masculin à l’heure actuelle.
Le gros buzz autour du documentaire Canal + a été que la chaîne a censuré elle-même un passage sur Pierre Ménès, un de ses consultants historiques. Si Canal avait laissé la séquence, ils en auraient moins pris pour leur grade, mais que voulez-vous, ils font des choix, ils les assument.
Ceci étant dit, le fond du problème est qu’il n’y a pas QUE Pierre Ménès qui a des attitudes déplacées dans les rédactions. Ces journalistes témoignent d’à quel point il est difficile pour une femme de se faire une place dans le monde du journalisme sportif, dominé historiquement par leurs homologues masculins. D’Estelle Denis, qui malgré sa belle carrière continue à être « la femme de Raymond Domenech » à Frédérique Galametz, rédac chef au journal l’Equipe et qui a parfois malgré tout encore le réflexe de ne pas oser parler en réunion, en passant par Clémentine Sarlat, la première à avoir dénoncé le sexisme dans les redacs sportives françaises, toutes ces femmes ont en commun le fait de devoir travailler plus, de montrer davantage qu’elles sont capables, qu’elles ne sont pas que pour être jolies et pour les quotas.
Marie Portolano nous montre à grands renforts de screens de tweets la violence à laquelle elles sont chacunes confrontées après chaque apparition TV : pute, salope, chienne, bouche à pipe, mal sapée… Et je vous épargne les menaces de meurtre et de viols, qui ont d’ailleurs menées à la condamnation de 5 twittos (voilà pourquoi je prône depuis toujours la courtoisie et la bienveillance).
On découvre que dans ce milieu, malgré la force qu’elles ont d’avoir un micro et la parole, les langues ont du mal à se délier. Cette phrase atroce du « fais attention à X ». Tout le monde sait. Personne ne fait rien.
On pourrait se dire qu’en tant que présentatrices TV, rédac chef, elles ont du pouvoir, elles sont intouchables et pourtant elles se retrouvent confrontées aux mêmes difficultés que les autres femmes, l’exposition médiatique en plus.
Regardez ce documentaire, squattez les codes Canal de vos potes si besoin, inscrivez-vous pour le mois d’essai et résiliez après, peu importe, mais regardez-le, il est dispo en replay jusqu’au 7 juin 2021. Prenez conscience (et quelques mouchoirs). Merci à Marie Portolano, et à toutes celles qui ont accepté de témoigner. On est fières de vous.