Après Matthias et Maxime sorti en 2019, Xavier Dolan revient avec une série, création originale Canal+. On aime, on plussoie, on en parle.
Charlie peut en témoigner, j’ai un amour profond pour les films de Xavier Dolan. Comme toute obsession culturelle, je ne peux pas dire que j’aime absolument tout ce qu’il a fait (Tom à la ferme est un OFNI pour moi).
Je ne suis pas là pour faire un top des films de Dolan (that said, je pourrais peut-être un jour), mais pour vous parler de sa série, disponible sur Canal+ à la demande, La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé.
Tout d’abord, le pitch. Au début des années 90, Julien, sa sœur Mireille et leur ami/voisin Laurier forment un trio inséparable. Les deux garçons sont les stars de l’équipe de baseball locale, et Mireille est à cet âge de l’adolescence, de tous les possibles. Une nuit d’octobre 1991, leurs destins sont changés à jamais par un terrible incident qui bouleverse leurs vies et celles de leurs familles respectives.
Avant de lire plus, et surtout de voir la série, je me dois de vous avertir…quelques trigger warnings, notamment autour du viol, de l’agression (sexuelle et plus), du deuil et du trauma familial.
Cette série en 5 épisodes (d’une durée d’une heure environ pour chaque) est une libre adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Michel Marc Bouchard, avec quelques-uns des comédiens et comédiennes de la pièce. On assiste clairement à un tournant dans l’œuvre de Dolan, qui avait jusque-là été dans une émotion et un érotisme (lorsque nécessaire) discret mais efficace. Ici, on est dans le vif, le brut, le cru, parce que parfois la vie c’est comme ça, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, au moment où on en a besoin.
Encore un drame familial me direz-vous, mais je ne me lasse pas de la manière dont Xavier Dolan les raconte. Surtout celui-ci qui était un huis clos dans l’œuvre originale, et qu’il a su étendre, accessoiriser et développer pour faire plus de sens encore et nous emmener avec lui, avec eux, profondément. Pour le citer : « Ce n’est pas anodin s’il y a dans cette série une réflexion sur la vie, la mort, le deuil, la rédemption, la famille. C’est une œuvre assez globale et existentielle. Et c’est peut-être ma façon de dire au revoir pour un petit bout de temps… » Il annonce faire une pause dans la réalisation, pour se ressourcer et retrouver l’envie de faire quelque chose, pour se dépasser en tant qu’artiste.
Les pérégrinations de Mireille et Julien, pour surmonter ce qu’il s’est passé cette fameuse nuit de 1991, et toutes les douleurs qui ont suivies, tous les questionnements, nous tiennent en haleine. Et c’est avec les existences de Denis et Elliott, les deux petits derniers de la fratrie, que l’on entre dans cette famille. Comme eux, nous ne savons pas ce qu’il s’est passé cette nuit-là, et l’on porte avec eux à bout de bras un trauma familial aussi intense qu’inconnu.
Avec ce petit jeu auquel tout le monde joue – j’imagine – en regardant un thriller psychologique : récupérer les indices, essayer de deviner et comprendre avant le dénouement final.
Et même en sachant, en ayant compris, ils nous cueillent tous à la fin. Cette série est un merveilleux rappel – puisqu’il est toujours utile et important de le faire – du mal que l’on peut faire aux autres et à soi-même en ne parlant pas, en cachant la vérité, ou sa vérité.
Cet article est écrit par Carli. Vous pouvez lire ici sa précédente publication.