On a aimé son premier long-métrage For Maria – Ebun Pataki (bientôt dans nos salles). J’ai rencontré celui qui est déjà une figure du nouveau Nollywood.
Le cinéma du Nigéria est l’un des plus prolifiques au monde, à tel point qu’il a son propre surnom de « Nollywood », tout comme on parle d’Hollywood aux USA et de Bollywood en Inde. Pourtant, très peu de ses œuvres atteignent nos contrées. Dans For Maria, son premier film, Damilola nous raconte l’histoire d’un couple qui fait face à l’arrivée de son premier enfant.
AOW : Félicitations pour For Maria. Que signifie le sous-titre du film, « Ebun Pataki » ?
Damilola Orimogunje : Merci ! C’est du Yoruba [langue d’Afrique de l’Ouest, ndlr]. Une traduction littérale serait « précieux cadeau ». C’est une référence à la chanson Precious Gift (Ebun Pataki) d’Ebenezer Obey « Chief Commander » que j’aurais aimé inclure dans le film mais hélas je n’ai pas pu obtenir les droits. Elle chante les louanges d’un nouveau-né, sa beauté et le cadeau inestimable qu’il représente.
AOW : Le sujet de la dépression post-partum est un choix très fort pour un scénario. Comment as-tu choisi d’aborder ce thème ?
DO : For Maria ne vient pas d’une expérience personnelle à proprement parler, mais étant plus jeune j’ai vu quelques membres de ma famille traverser cette maladie. À l’époque, ça n’avait pas de sens pour moi. Je veux dire, comment peut-on détester sa propre création ? Comment oser être malheureux après une naissance, la plus grande bénédiction possible ? Puis en 2019, je me souviens avoir plusieurs idées en tête pour mon premier long-métrage. Je réfléchissais à ces histoires mais aucune ne faisait l’affaire, jusqu’à ce que je discute avec un ami et qu’on parle de dépression post-partum. Et là ça a fait « tilt » (« light bulb »). Je savais que j’avais trouvé mon histoire. Je me suis également souvenu d’un de mes films préférés de Michael Haneke : Amour. J’ai été inspiré par l’affliction et la profonde affection qui émanent du film.
AOW : Comment décrirais-tu ta démarche avec ce film et dans tes futurs projets ?
DO : J’adore les expressions artistiques minimalistes : dans l’histoire, la direction artistique, le travail de la caméra et l’interprétation. J’ai essayé d’intégrer cette approche dans For Maria car j’ai voulu être le plus réaliste possible. J’ai pensé à ma tante qui a souffert de post-partum et à toutes ces femmes qui ont lutté ou luttent encore contre cette maladie. J’ai toujours été plongé dans des histoires qui évoquent des maux actuels. Mon prochain film sera un mélange de plusieurs thèmes qui affectent notre société.
AOW : On a hâte de voir tes prochains films, mais aussi plus de films d’Afrique en général.
DO : Oui, le cinéma africain est une industrie très riche grâce à toutes ces histoires qui émanent du continent, toutes ces cultures diverses et vibrantes. Il y a tellement de bons films partout dans le monde. J’adore aussi le cinéma d’Argentine, du Chili ou du Brésil.
AOW : Je te propose pour clore cet entretien de nous partager tes pépites musicales du moment. Peut-être des morceaux t’ont aidé pendant l’écriture de For Maria.
DO : En plus de la chanson Ebun Pataki évoquée tout à l’heure, il y a un autre morceau que j’écoutais après avoir rédigé le scénario : What Difference A Day Makes interprétée par Dinah Washington. Elle aussi faisait partie intégrante d’un moment-clé du film. Pour la scène du baptême, nous avons utilisé des chansons des Cavemen, un groupe de highlife nigérian et je trouve que ça rend bien. Je suis un grand fan de la musique nigériane des années 70. Et en ce qui concerne les artistes d’aujourd’hui, je pense que le monde a besoin d’écouter plus de Tay Iwar, Asa, Rema et Brymo.
Les distributeurs de « For Maria (Ebun Pataki) » sont en négociation pour une sortie salles en Europe.