Le cinéma mutant de David Cronenberg

Il n’a rien filmé depuis 2014, mais son œuvre infuse toujours notre société. On revient sur la carrière de Cronenberg, grâce au livre de Fabien Demangeot sorti aujourd’hui.

Dans son essai La Transgression selon David Cronenberg, l’auteur ne retrace pas chronologiquement les films du cinéaste, mais les traverse par le biais de trois catégories qu’il nomme ses « transgressions ».

Parasite, mutation, infection, sexe, violence, psychologie, … On dirait un résumé Google News. C’est dire combien les thèmes du cinéaste sont d’actualité, et ce depuis ses débuts à la fin des années 60. Dans Frissons (Shivers), son troisième long-métrage, il imagine une contamination à l’échelle d’une ville. Tout commence dans une résidence où les habitants se transforment en d’agressifs obsédés sexuels. C’est dispo sur Netflix et ça vaut le détour.

De la mouche (The Fly) à l’araignée (Spider), David décrit ce qui vit, transpire, grouille à l’intérieur. Il est l’un des précurseurs de ce sous-genre cinématographique qu’on appelle le body horror. Et s’il filme des beaux gosses (James Spader, Jude Law, Viggo Mortensen, Robert Pattinson, …), c’est toujours pour en révéler le côté sombre et caché. Malgré tout, il ne quitte jamais son humour à froid, presque clinique, qui l’empêche de basculer dans le grotesque.

Depuis le décès de sa femme en 2017, David semble rangé. Il affirme lui-même n’avoir aucune attente concernant le côté posthume de son œuvre. Il semble avoir passé le relais à son fils Brandon qui, vous l’aurez deviné, ne tourne pas des comédies romantiques.

Le grand avantage de cet ouvrage La transgression… est de remettre en perspective l’oeuvre du maître. On peut être violent avec le hors-champ, comme dans A History of Violence où les tortures infligées au copain du héros sont bien plus gore dans le comics d’origine. On peut condamner de manière détournée, comme dans ses deux dernières oeuvres où le mal qui infecte notre société se nomme « capitalisme » (Cosmopolis) ou « célébrité » (Maps to the Stars).

Insidieux et percutant, l’essai de Fabien Demangeot remet en lumière une oeuvre protéiforme et terriblement actuelle.

La Transgression selon David Cronenberg est disponible en librairie et sur le site de Playlist Society.

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