Le Dormi dau Monstre, c’est le dernier album de CRAWLING IN SLUDGE. Chanter en patois pour faire autre chose que de la musique folklorique, c’est le choix couillu de ces cinq petits gars du Marais Poitevin. Conscients de leurs limites en anglais, ils ont renoncé à anoner des paroles mièvres avec un accent approximatif et choisi de chanter en poitevin-saintongeais. C’est fort hein! Certes, ils se coupent la frange de public qui tient absolument à comprendre les paroles des chansons. Mais vu le niveau général de maîtrise de l’anglais dans notre beau pays, cette frange de la population correspond à celle qui écoute de la varietoche et regarde Danse avec les stars. Vous me direz, ça fait pas mal de monde, mais en général, ce n’est pas le cœur de cible d’un groupe de Sludge…
Pour mémoire, le Sludge est un courant musical né dans le bayou de Louisiane. C’est un genre de mélange entre Doom (pour le groove et les mélodies) et de Punk Hardcore (pour l’agressivité, les thèmes et le chant). Une musique rurale, pessimiste et accrochée à ses racines. Des sons rugueux, organiques, un tempo plutôt lent, beaucoup de saturation, des rythmiques sous-accordées pour donner cette sonorité profonde, proche de la contrebasse et un chant qui va du growl au screaming rauque en passant par un chant clair et grondant. Quelques groupes pour éclairer le tableau : DOWN, CoC, CROWBAR, EYEHATEGOD…
Vous voyez le genre? Bon, et bien de l’autre côté de l’Océan, dans notre marais poitevin à nous, il y a aussi de bons groupes de metalleux qui font du Sludge. Et ça donne ça (tu remarqueras les similitudes dans le clip) (et le fait que ces mecs ont enregistré dans un putain de container).
Comment fait-on pour enregistrer un album en poitevin-saintongeais? Et bien on va à la fac de Poitiers pour apprendre la langue, on prend des cours particuliers avec une chanteuse folk locale et on fait bien relire ses lyrics pour être sûr de pas écorcher les mots. Sérieux tout ça.
Et il faut bien dire que la mayonnaise prend bien. Le chant et la musique se marient parfaitement ensemble. Alors non, on ne comprend pas tout, mais le sens général reste accessible. C’est un patois qui ressemble un peu au français de Voltaire quand même! Tiens, tu écoutes et tu nous dis.