Originaire d’une petite île de la baie d’Auckland, Leatherhead est le groupe de Stoner le plus lointain que je connaisse. Leur debut album, Needles, est un pur concentré de bonheur
Bon, arrêtez de me pomper l’air avec ce qui est ou n’est pas du Stoner. Si l’on appliquait la définition officielle, 99% des groupes qui revendiquent l’étiquette sont des imposteurs. Je fonctionne au feeling et quand j’écoute Needles, le disque des néo-zélandais de LEATHERHEAD, cette musique organique obtenue par la savante addition d’une guitare southern bien fuzzée, une batterie pêchue et désarmante de naturel, une basse grasse comme un baklava et le chant rocailleux qu’on attrape quand on petit-déjeune au Jack Daniel’s, je pense Stoner. Cela dit je ne suis pas sectaire : certains morceaux des kiwis sonnent Punk (“Needles”), d’autres flirtent ouvertement avec le Heavy Blues (“Evolution”). Sans conteste, la piste la plus grasse, la plus lourde et donc la plus sincèrement Stoner est “C’est le Congo”. Mais quelle que soit l’étiquette que vous leur donnez, le point commun des neuf brûlots de la galette, c’est l’urgence, l’énergie, une guitare enragée et un feeling de fou.
LEATHERHEAD est un groupe originaire de Waiheke Island, une île de 7500 âmes située à 35 minutes de ferry d’Auckland, en Nouvelle-Zélande. Le bout du bout du monde en quelques sortes. Malgré l’isolement de l’existence insulaire, le guitariste de LEATHERHEAD, Brendan Mooney n’est pas juste le guitariste de l’île. Le bonhomme a accompagné David Vanian, le chanteur du groupe punk THE DAMNED dans son side project solo, DAVID VANIAN & THE PHANTOM CHORDS. De même, le chanteur compositeur de LEATHERHEAD est un contributeur reconnu. Il a chanté pour plusieurs groupes locaux (THREE LEGGED HORSE, CLENCH, TANK & PUMP) et publié quelques créations solo. Il y a aussi du lourd du côté de la section rythmique tenue par deux musiciens blanchis sous les harnais Moik Brennan’s à la basse et Carl Blutner à la batterie. Même si ces musiciens ont une renommée essentiellement locale, un petit tour sur la page facebook du projet vous confirme ce que la biographie laisse déjà entrevoir : LEATHERHEAD est un gang mature constitué de quadras qui ont pas mal roulé leur bosse et connaissent le job.
Needles est un court album de 30 minutes sur lequel le quatuor s’est fait plaisir. On sent le disque construit en studio. On sent un enregistrement live, sans reverb, sans overdub, sans effets samplés. Des compos qui sentent le vécu, la route et la sueur. Ce n’est pas un projet cérébral, c’est tout le contraire d’un disque prise de tête. C’est franc, direct, sincère. C’est le genre de musique qui passe à merveille en fonds sonore dans un bar de routiers où une bande de barbus à casquette disputent une partie acharnée de billard pendant qu’une serveuse à choucroute blonde et forte poitrine comprimée dans une chemise western renouvelle les consommations et qu’un barman aux bras bardés de tatouages de vétéran sert calmement des Rolling Rock.
La musique de LEATHERHEAD est aussi éternelle que cette image banale que m’évoque l’écoute de Needles. C’est du Rock tout ce qu’il y a de plus Heavy, et dans sa désarmante simplicité, cette musique fait du bien.