Les racines du mal est un gros roman de Maurice G. Dantec qui aborde le thème galvaudé d’une traque de tueur en série. C’est un livre un peu futuriste, mais futuriste à la façon de Michel Houellebecq, c’est à dire qu’on est dans un futur très proche du nôtre et que sinon on évolue en terrain connu.
Les racines du mal est le deuxième roman publié par Maurice G. Dantec, en 1995. C’est un roman charnière entre son premier livre, le très direct « la sirène rouge » et les romans un peu futuristes à la Philip K. Dick qu’il a publié par la suite.
Les racines du mal est un très gros livre parfois très bavard et qui étudie comme bien souvent l’effet désastreux d’une enquête particulièrement difficile sur celui qui la conduit, en l’occurrence un scientifique secondé non pas par un chien qui parle mais par un ordinateur super sophistiqué. Arthur Darquandier, le héros, est un cogniticien amené à traquer un groupe de serial killers inconnu des forces de police. Il est assisté de la « neuromatrice », un ordinateur expérimental à l’intelligence artificielle redoutable, qu’il a contribué à développer. Capable de pirater n’importe quel réseau informatique et de simuler le profil psychologique d’individus à partir de faits épars, la « neuromatrice » lui est d’une aide précieuse.
« Andreas Schaltmann s’est mis à tuer parce que son estomac pourrissait.
Le phénomène n’était pas isolé, tant s’en faut. Cela faisait longtemps que les ondes cosmiques émises par les Aliens faisaient changer ses organes de place, depuis que les nazis et les habitants de Vega s’étaient installés dans ses quartiers. »
Les racines du mal commencent par l’histoire d’un tueur en série (le fameux Andreas) qui raconte son existence hallucinée. Certains meurtres sanglants sont racontés très directement et sans filtre. C’est vraiment la boucherie, à gerber….mais l’avantage (si j’ose dire) est que le mec étant complètement barré, la police n’a pas trop de mal à trouver sa trace et à l’arrêter. C’est alors que, depuis sa prison, le tueur refuse qu’on lui impute des crimes qu’il dit ne pas avoir commis. On passe alors à l’histoire d’Arthur, après l’échec d’une première mission scientifique destinée à cerner la personnalité d’Andreas Schaltmann, il part suivre un genre de séminaire sur les causes profondes du mal dans un château en Roumanie. Revenu en France,
Arthur Darquandier est invité par un journaliste savoyard à venir enquêter sur des meurtres survenus dans sa région, ces fameux meurtres que les autorités ont attribuées à Andreas Schaltmann mais que le tueur a toujours nié avoir commis. Là le gars tombe sur un truc vraiment glauque et que je ne peux pas vraiment raconter sans risquer de spoiler et donc de casser un petit peu l’intérêt de la lecture. Mais vous pouvez me croire, si vous aimez les livres qui vous font sortir de votre zone de confort, les racines du mal est un bon challenge. C’est un roman qui aborde un sujet archi-rabaché mais dont les qualités ne reposent pas uniquement sur les modus operandi ou la personnalité particulièrement déviante du (ou en l’occurrence des) tueur(s).
Il y a beaucoup de bonnes idées mais il y a aussi les prémices de ce qui a rendu Dantec chiant à mon goût. Ainsi la transition entre la première et la deuxième enquête est bavarde et inutile et dans le reste du roman, l’auteur intellectualise à outrance, intégrant des réflexions personnelles qui tombent comme un cheveu sur la soupe (ou un os dans le pâté, c’est selon). Mais ceci n’est qu’un petit défaut dans un roman par ailleurs mémorable, un genre de pierre angulaire d’une certaine forme de roman noir, souvent copié, jamais égalé.