Mes lèvres impatientes
Sur le pas de sa bouche
Se voudraient insolentes
Mais timides ne touchent
Le doux feutre carmin
Qui en habille le seuil
Figés comme en recueil
Avant l’office divin
Et mes yeux suppliants
A l’abîme de ses yeux
Sont deux craintifs mendiants
Affamés et piteux
Qui pour unique aumône
Veulent une permission
Pour que mes lèvres atones
Goûtent à la communion
Que cesse ce doux supplice
Qu’au contact des siennes
Mes lèvres blêmes rosissent
Et que le plaisir vienne
Ranimer mes chairs
Que ma langue transie
Soit libre de ses fers
Alors mes yeux mendient
Brillants de convoitise
Pour cette gourmandise
Que ses pupilles enfin
D’un signe disent « Viens
Cueillir ce baiser
Que tu n’oses voler ! »