Tu as les yeux de ta mère. Son sourire, aussi, et cette manie de remettre ta mèche derrière ton oreille, alors qu’elle y est déjà. Tu as sa voix douce, celle qui chante des berceuses aux enfants, et qui tremble lorsque la colère monte.
De toutes les années passées à tes côtés, je n’en retiens que tes rires. A mes anecdotes, à mes blagues, et lorsque tu me racontais l’école, tes soucis avec maman, avec ta soeur, tes premiers amours. J’ai oublié tes larmes, car je les ai séchées si vite qu’elles ont été aussi éphémères qu’un papillon. Je me souviens qu’aux premières années de l’adolescence, tu avais de temps en temps ce sourire crispé, lorsque je répétais encore une histoire ancienne, que tu avais entendue tant de fois.
Je suis la deuxième femme de ta vie, la mère de ta mère, je t’ai fait des tartes aux pommes et des blanquettes de veau, aujourd’hui ta pièce montée. Aujourd’hui, ta mère n’est plus, ton père n’a jamais été, et tu es là, devant moi, dans une robe blanche aussi grandiose que ton bonheur. Tu te maries, tu as ta vie et ta famille, désormais. J’espère que tu seras aussi fière de tes enfants que je le suis de toi.