Considéré comme une révolution lors de son apparition, la VR ou réalité virtuelle est finalement loin d’avoir supplanté la consommation classique de jeux vidéo. On était pourtant nombreux à croire que cette immersion dans l’image allait ouvrir un champ incroyable de créations qui transcenderaient l’expérience vidéoludique. 10 ans après l’irruption de l’Oculus Rift sur Kickstarter et 6 ans après la sortie du PS VR de Sony, force est de constater que la réalité virtuelle est encore un truc de niche apprécié par une branche de hardcore gamer bien spécifique. Certes, quasiment tout le monde a déjà essayé une fois de plonger dans la VR en émettant des « WOW » via des petites expériences allant des montagnes russes à la plongée sous-marine perturbée par un requin. De même qu’il s’est ouvert de multiples salles avec des équipements high tech qui offrent une expérience autrement plus immersive que celle se déroulant dans son salon, mais malgré tout, cette technologie a du mal à dépasser le stade de l’attraction de fête foraine.
A force de voir la boite du casque VR de Playstation prendre la poussière à cause des trop rares jeux vraiment excitants, mais aussi à cause et surtout de devoir tout rebrancher puis de déplacer la table basse puis de remettre la caméra disgracieuse sur la TV et ensuite tout refaire dans l’autre sens. L’énorme effet wow du début s’est petit à petit transformé en un petit pincement au cœur, comme la conséquence d’une infidélité ou d’une trahison envers cet objet qui a tout de même assouvi beaucoup de fantasme de joueur. (Qui n’a pas été impressionné lorsqu’il s’est retrouvé pour la première fois dans un cockpit de vaisseau spatial ?)
Grâce à la sortie de After The Fall développé par Indigo Games, un sursaut de motivation s’est heureusement manifesté. Difficile en effet de résister à un FPS de zombie qui n’a pas l’air aussi traumatisant que Resident Evil 7. Le jeu situe son apocalypse dans les années 80 et offre donc à voir toute une kyrielle d’objets iconiques comme les bornes d’arcades ou les disquettes. Ça donne un côté pop très accueillant ! Sans trop s’étendre sur l’histoire car de toute façon il n’y en a pas vraiment, After The Fall propose de défourailler du mort vivant en hiver, c’est le plus important à savoir. L’aspect le plus singulier pour un jeu VR de ce genre est son orientation multijoueur. A la manière de Left 4 Dead, on peut se retrouver à 4 joueurs en coopération face à des hordes d’énergumènes inhospitaliers. C’est très basique mais c’est au profit d’une grande efficacité. C’est un vrai plaisir de renouer avec les sensations de la VR. Malgré une liste longue comme le bras d’éléments inconfortables, on a quand même envie d’y retourner. Problème de calibrage récurent, manque de clarté dans les commandes, ou graphismes datés (sur la version Playstation, pas sur la version PC) rien n’empêchent l’immersion, c’est dire la puissance de cette technologie. Le cerveau se fait berner à chaque fois.
Alors que Sony a annoncé au mois de janvier dernier la sortie de son prochain casque VR, le bond technologique entre les deux périphériques semble impressionnant. Tandis que la première version du casque souffrait d’un effet grillage sur l’écran et d’une qualité de graphisme digne de la PS3 (ou PS2 parfois), la VR2 annonce une résolution d’image 4 fois plus grande et la puissance de la PS5 comme tremplin. Outre l’unique câble à brancher, le ventilateur contre la buée, les caméras intégrées (bye bye la caméra qui trône sur la TV !) ou bien un retour haptique, ce nouveau casque renvoi son prédécesseur au musée de la Préhistoire du jeu vidéo. En revanche, la date de sortie n’est pas annoncée et la pénurie de matériaux ne va pas arranger les choses.
Mais le bon côté avec ce délai prolongé est la possibilité pour les futurs développeurs de peaufiner leurs idées pour nous proposer des jeux qu’on espère renversants.
Ainsi la conquête de la réalité virtuelle se poursuit, de Second Life en 2003 qui préfigurait le principe des mondes parallèles comme réseau social (mais Facebook a raflé la mise) jusqu’au livre adapté en film Ready Player One qui présente la VR comme une dystopie inquiétante, il faut bien se rendre compte que le casque VR sera l’interface principale des metaverses. Si personne ne sait trop ce que c’est, ni quelle forme ça prendra et encore moins si les gens vont aimer ça, des millions sont quand même investi pour des revenus espérés qui se comptent en mille milliards de dollars pour les plus optimistes. L’enjeu est énorme !