On dit souvent qu’un livre, une fois refermé, a livré tout ce qu’il avait à donner. Moi, je crois exactement l’inverse. J’aime relire les livres. Revenir sur ces phrases déjà rencontrées, ces intrigues dont je connais la fin mais qui, étrangement, me surprennent encore.
Relire un livre, c’est un peu comme revoir un film qu’on aime
C’est un peu comme revoir un film qu’on aime : on rit de la même blague, on se laisse attendrir par la même scène, on frissonne devant la même tension. Mais il y a toujours quelque chose de différent. Peut-être parce que moi, je ne suis plus tout à fait le même lecteur qu’à la première fois.
Relire, c’est redécouvrir. Parfois, j’ai presque oublié l’histoire, les détails se sont effacés, et je reste scotché aux pages comme si je la découvrais pour la première fois. Parfois, au contraire, je connais l’issue, et c’est cette complicité avec le texte qui me donne un plaisir particulier : observer les indices, savourer l’écriture, sourire à l’avance.
Et puis, il y a ces relectures qui ressemblent à un retour à la maison. Pour moi, ce sont les Annales du Disque-Monde. Replonger dans l’univers de Terry Pratchett, c’est un peu comme ressortir un doudou de l’enfance. Je retrouve avec tendresse le commissaire Samuel Vimaire, sa lucidité grinçante, son humanité cabossée. Le revoir évoluer dans Ankh-Morpork, c’est se rappeler qu’un bon personnage ne vieillit jamais vraiment. Il nous attend, fidèle, chaque fois qu’on ouvre le livre.
Un livre ne perd jamais sa vie après la première lecture. Il continue de battre, de vibrer, de nous tendre la main à chaque relecture. Certains deviennent des compagnons qu’on retrouve comme on retrouve un vieil ami. On sait déjà ce qu’il va nous dire, mais on a envie de l’entendre encore.
Peut-être que c’est ça, au fond, la vraie magie des livres : ils ne se figent pas. Ils nous accompagnent, changent avec nous, et chaque relecture est une nouvelle rencontre.