Sûrement n’avez-vous jamais entendu parler du Promeneur d’oiseau de Philippe Muyl. Sorti sur nos écrans il y a déjà un mois et demi, cette petite production franco-chinoise est relativement passée inaperçue bien que le film ne soit pas dénué de certaines qualités. Yangshuo est une petite fille relativement insupportable. La situation professionnelle de ses parents lui permet d’avoir ce qu’elle veut quand elle veut, et elle le sait. Sur-connectée, le nez dans son ipad, Yangshuo est une enfant de la ville. Pourtant, dans la même ville, à Pékin, vit son grand-père Zhigen, un homme de la nature qui promène son oiseau depuis 18 ans. L’oiseau arrivant à un âge avancé, Zhigen entreprend un voyage jusqu’à Renxing, son village natal, pour honorer une promesse faite à sa femme décédée. Sa petite fille avec lui, nos deux personnages se découvrent mutuellement sur ce long trajet jusqu’à leurs racines.
Ce film est un petit bijou de douce poésie qui fait du bien. Peut-être pourrait-on lui reprocher d’être un peu naïf, mais ce serait ne pas saisir le propos du réalisateur. Evidemment, tout va très bien dans le film, la petite fille et le grand-père nouent des liens indissociables, Yangshuo apprend à aimer la nature, à connaître un ailleurs pendant que Zhigen se réconcilie avec son passé. Seulement, au-delà de ce scénario tout rose, il y a une véritable réflexion sur nos racines : d’où nous venons, où nous allons et particulièrement sur notre lien privilégié avec la nature alors même qu’elle est aujourd’hui menacée. Le Promeneur d’oiseau est un film dans lequel on est bien, on rit un peu mais on se laisse surtout bercer par cette nouvelle complicité entre un grand-père et sa petite fille, par ce voyage initiatique à travers la Chine qui les mène à une plus haute connaissance d’eux-même et du monde.
Cependant, si nous devions ne formuler qu’un reproche, il serait adressé à la réalisation. Il y a, je pense, un écart évident de culture entre les coutumes françaises et les chinoises. Or, le réalisateur français, s’il s’est informé sur les traditions asiatiques n’en reste pas moins européen et ça se ressent dans sa façon de filmer. En effet, toute la poésie du scénario est parfois absente de l’image ou du son. Ainsi, pas de longs plans poétiques comme on pourrait les aimer, le rapport à la nature, s’il est présent, ne paraît pas être une évidence (on note quelques cadrages de plans présents dans l’unique but d’amener une sorte de lien naturel avec des feuilles ou des champs au premier plan par exemple). Finalement le film devient presque académique dans sa forme alors même que le scénario rend possible des envolées lyriques et poétiques.
Le Promeneur d’oiseau n’en demeure pas moins un très joli film, tout à fait charmant qui s’insère dans de nombreuses traditions comme la fable écologique ou le récit initiatique. En choisissant la Chine pour ancrer son récit, Philippe Muyl retravaille les coutumes asiatiques (la promenade d’oiseau en est une par exemple) pour porter un beau discours sur l’importance de nos racines.
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