Vous l’aurez sans doute remarqué et j’en ai parlé il y a peu la momie a le vent en poupe ces derniers temps et en particulier au sein de la firme Universal. Comme je vous l’avais aussi dit, le dernier et catastrophique momie en date est un re lancement du concept des Universal Monsters qui ont sévi au sein des studios du même nom entre 1932 et 1950.
Durant cette période le Loup Garou, le monstre de Frankenstein, sa fiancé, la créature du lagon noir et autres créatures ont régné en maitre sur les écrans et la Momie initié en 1932 par le réalisateur Karl Freund. Bien que ce soit le premier d’une longue série et que le grand Boris Karloff tout juste sorti du Frankenstein de James Whale en soit la star, il est loin malgré son esthétisme post expressionniste Allemand indéniable, d’être la plus grande réussite de ces films de monstres.
En réalité je ne compte pas m’attarder sur ce premier opus mais sur ses suites, au total 4 voir 5 si l’on y compte le pastiche avec les célèbre et pas drôle du tout comiques Abbot et Costello. Les prolifiques éditeurs Éléphant films au sein de leur collection Cinema Monster Club ont récemment sorti en DVD et en blu ray la totalité de ces films à bandelettes et je me suis fait un plaisir de tous les regarder. Alors bien entendu je ne m’étalerais pas en détails sur tous les films et pour une bonne raison qui est qu’ils se ressemblent presque tous. Car pour le coup à contrario des suites de Dracula ou de Frankenstein initiés par le studio, les films de momies sont tous plus ou moins de pseudos remakes les uns des autres, a quelques nuances prés. Mais tous bénéficient de certaines qualités qui font de ces films de jolis morceaux de cinéma d’antan.
Pour commencer il y a La main de la momie de Christy Cabanne réalisé en 1940, cette suite comme je le disais est plutôt une redite en mode plus série B du précédent, un rythme plus soutenu, des acteurs plus en roues libre et étrangement une momie relativement moins romantique et plus terrifiante que l’était celle interprété par Karloff. Ici c’est Tom Tyler qui campe la momie Kharis et il est intéressant de noter que la production a semble t’il expérimentée le grattage de pellicule à l’endroit des yeux de la créature qui du coup se retrouve affublé de yeux noirs assez flippants.
Le film si il reprend quasiment traits pour traits l’intrique du premier qui était je le rappelle: Le tombeau de la princesse Anankah est profané par des explorateurs qui se retrouvent menacés par la momie Kharis ressuscitée par le grand prêtre Andoheb. Ici c’est du même acabit sauf qu’il y a plus d’action et de comédie et le film du coup fleure bon le vieux serial des années 40. Bien entendu après une suite de morts survenus à cause de cette malédiction, les héros ont raison de cette momie vengeresse. Mais il faut savoir se remettre dans le contexte de ces années où les gens étaient facilement impressionnables. La photo et les décors du film sont très soignés et les maquillages sont toujours effectués par le grand Jack Pierce qui était déjà responsable du cultissime maquillage du Monstre de Frankenstein et de la précédente momie. Le film ressort aussi par le biais d’un humour bon enfant dût au personnage de sidekick du héros, un petit escroc bedonnant et roublard interprété par Wallace Ford.
Passons à présent à la seconde suite des aventures du vengeur desséché. La tombe de la momie réalisé par Harold Young en 1942. Pour l’histoire on repassera car il s’agit ni plus ni moins d’une sorte de redite de l’intrigue précédente qui d’ailleurs est raconté par le héros du premier devenu un vieillard car le film se déroule Prés de trente années plus tard, sauf que ça ne se voit jamais. L’action semblant toujours se dérouler dans les années 40. Ce n’est pas bien grave tant le film reste un petit produit sympatrique bien qu’il en devienne par moment un chouilla rébarbatif. L’histoire en est simple: Le disciple d’un des prêtres égyptiens du culte de Karnak voué a protéger et à venger la profanation du tombeau de la princesse Anankah se rend en Amérique avec Kharis, la momie vivante, pour tuer les membres survivants de l’expédition précédente… Vont il réussir ?
Cette fois ci la momie est campé par un autre acteur culte des films universal, le fils du non moins culte Lon Chaney (en gros l’un des plus grands acteurs des années 20 qui avait la particularité de se grimer lui même en certains monstres de légende pour les films), Lon Chaney JR qui s’il n’a pas le charisme de son illustre paternel a plus marqué les esprits dans le rôle de Sir Lawrence Talbot alias le Wolfman une année plus tôt. Rôle parlant à qui Chaney Jr conférera une émotion et une sensibilité bien particulière. Ici point de dialogue ni d’expressivité pour l’acteur qui se contente d’interpréter un rôle qu’au final en l’état n’importe quel cascadeur aurait pu jouer. On imagine bien qu’il s’agit d’un rôle alimentaire pour l’acteur qui d’ailleurs rempilera encore deux autres fois dans ce rôle quelque peu ingrat. La tombe de la Momie s’il change de localisation délaissant l’Egypte ancienne au profit de l’Amérique, n’est pas inoubliable et bien qu’il bénéficie d’un nouveau maquillage plus évolué pour la momie et de fort jolis décors en particulier le vieux cimetière, il n’y a pas grand choses a retenir.
Nous passons donc à présent au Fantôme de la Momie de Reginald Le Borg datant de 1944. Cette fois-ci pour ce énième retour, je dois reconnaître que le film même si il continue a être une pseudo redite des précédent, possède certains éléments non dénués d’intérêt. L’histoire : Dans les années 70 Youssef Bey est le dernier disciple a être désigné par le dernier grand prêtre d’Arkam (clin d’œil à Lovecraft) pour ramener en Égypte la dépouille de la princesse Ananka acquise par un musée en Nouvelle-Angleterre. Il sera aidé dans sa tâche par Kharis, la momie vivante. Matthew Norman un professeur d’université est assassiné par Kharis, qu’il a ramené à la vie en brûlant les fameuses feuilles de Tana. Dans le même temps Amina, une jeune d’origine Égyptienne courtisée par le jeune et vigoureux Tom Hervey, est victime d’une crise de somnambulisme chaque fois que Kharis rapplique pour effectuer sa tache morbide.
Oui vous l’avez bien lu cette fois ci l’action se déroule dans les 70’s, mais ne cherchez point de hippies défoncés dans des vans a fleurs et autres joyeusetés de cette époque bénie car il s’agit d’une projection des auteurs car le film a été tourné en 1944 et les auteurs n’ont comme vous pouvez faute d’imagination et de budget pas une vision très moderniste de ce qui est pour eux le futur. En gros en 1970 on est comme dans les années 40. Cette fois ci si le rôle de Kharis incombe toujours à Lon Chaney JR qui semble de moins en moins en forme, vous me direz que c’est normal pour une momie de son âge. Le rôle du disciple Youssef Bey au grand John Carradine (père de Keith et David Carradine) qui ici cachetonne avec tout le talent qui lui était connu et qui apporte un peu plus de classe à l’ensemble qui commence a scénaristiquement sentir le déjà vu. L’ajout des crises de somnambulisme de la jeune Americano Egyptienne sont loin d’être inintéressant et offre au métrage une dimension un peu onirique qui n’est pas pour déplaire. D’autant plus que la fin sous forme de Sad End est pour une fois très très différente de celle des autres et dénote franchement du canevas des films de série B de cette époque.
Nous arrivons à la conclusion officielle de cette franchise momiesque avec l’épisode qui m’a sincèrement le plus plu. La malédiction de la momie de Leslie Goodwins réalisé aussi en 1944. Cette fois ci l’action se déroule dans les années 90, sauf que devinez, on reste dans le style année 40. L’histoire : En Louisiane alors qu’une entreprise de travaux publique s’acharne a assécher des marécages afin d’y construire, la momie enlisée avec la belle et infortunée héroïne du précédent qui n’est autre que la réincarnation d’Anankah est réveillé et sème la mort sur son passage. Sauf que cette fois ci la jeune femme qui avait pérît non loin de lui est a son tour ressuscité et tente de se réinsérer dans la société moderne.
Disons le tout de suite le pitch est ici le plus intéressant et le plus sympathique. Il est aussi celui qui contient le plus grand nombre de morts et qui aussi a une légère tendance au message écologique ce qui est franchement assez novateur pour un film de cette époque. Lon Chaney Jr reprend une dernière fois le rôle de Kharis et il semblerait que l’acteur soit devenu aussi chancelant que la momie qu’il incarne. Les problèmes d’alcoolisme de l’acteur vont même a terrifier la sublime actrice Virginia Christine qu’il doit porter dans ses bras, cette dernière ayant peur qu’il chute et qu’ils soient accidentés. Mais le film est a mes yeux le plus cool de tous et en particulier parce qu’il se passe dans un environnement que j’adore la Louisiane et le bayou de la Nouvelle Orléans. Bourré de référence au Cajuns ces rednecks d’origine Française, ce qui nous offre de savoureux moments de parler français par les Américains. Le film est aussi le plus rythmé et le plus distrayant. Préfigurant a sa façon les grands croquemitaines des années 80 comme Jason Voorhees ou Michael Myers par la quantité astronomique de meurtre. Le film bénéficie aussi d’une belle photo et de beaux décors qui font de lui une œuvre différente des autres de la série. Même si les nuits américaines en plein soleil sont parfois risibles, elles offrent au métrage une certaine poésie.
Pour terminer je ne compte pas m’attarder trop sur le dernier DVD qui n’est autre que le pastiche de ces films de Momies réalisé avec les deux comiques troupiers Bud Abbot et Lou Costello, Les deux nigauds et la momie réalisé en 1955 par Charles Lamont et qui bénéficie d’un budget confortable pour une comédie potache pleine de quiproquos et d’un humour de bas étage. Cependant le film bénéficie d’une jolie direction artistique mais reste un film mineur. L’histoire : Peter et Freddie, deux amis américains, sont en Égypte et découvrent le Dr Gustav Zoomer assassiné. Ils découvrent aussi un médaillon qui les mène à une crypte où se trouve une momie ressuscitée qui sème la terreur…
Disons le d’emblée si le film est sympa, il n’en arrive jamais a la cheville des grands films comiques américains des années 30 et 40. Un humour de situation un peu balourd et beauf qui est caractéristique des deux nigauds qui pourtant avaient un sacré succès en Amérique. Universal ayant décidé de mêler son univers comique a celui de ses Universal Monsters ne marque pas le coup avec beaucoup de brio. Les précédentes incursions des deux nigauds chez les monstres Universal ayant été plus sympa.