Si je devais écrire un dernier article, il serait pour toi François. Je suis un grand sensible et cependant, j’ai rarement pleuré à la mort d’un artiste. Bien sûr, il y a eu Balavoine et Coluche, mais j’avais 9 ans et je crois que mes larmes copiaient celles de mon entourage. Même pour Kurt Cobain mes joues sont restées sèches, pourtant si tu savais comme je les ai limé les CD de Nirvana ! Je suis complètement passé à côté des phénomènes Bob Marley et Michael Jackson, donc pas de problème de ce côté-là. J’avoue avoir eu quelques sanglots au départ de Amy Whinehouse, surtout en réécoutant ses classiques le jour où j’ai appris son décès. A la maison, on n’a jamais écouté Johnny Hallyday, alors même si je respectais son talent d’interprète, sa mort n’a pas été un drame pour moi.
Enfin bref, je ne vais pas faire toute la liste, d’abord parce que je n’ai pas que ça à foutre, mais surtout parce que c’est de toi que j’ai envie de parler. J’ai fait ta rencontre avec les Garçons Bouchers, aux alentours de 1990 je pense. Avec des titres comme « La Bière » ou « Carnivore », tu ne pouvais que séduire mon esprit d’ado rebelle et anticonformiste. Cela a été le phare qui a attiré mon navire d’amateur de musique vers ton ilot artistique. Là, je suis tombé raide dingue de ton groupe Pigalle. « Regards affligés… » quel album putain ! Des textes incroyables, vraiment. Question philosophie, j’ai toujours préféré FHL à BHL, y a pas photo.
Les gens ont oublié que tu jouais à la même époque pour Los Carayos avec Manu Chao. Il faut dire que tes talents de musicien (24 instruments maitrisés quand même !) étaient cachés derrière ta grosse carcasse et ta grande gueule d’éternel bourru. Ta carrière solo vaut aussi le détour, même si je te pense foncièrement fait pour faire partie d’une troupe. D’ailleurs, après celle des musiciens, ta deuxième famille était celle du cinéma. Tu as tourné pour Bertrand Tavernier, Jean-Pierre Jeunet, Claude Zidi, Jean-Pierre Mocky, ou encore Christophe Gans (ton rôle de Machemort dans le Pacte des Loups restera cultissime pour moi). De quoi rendre jaloux beaucoup d’acteurs ! Bref, tout ça c’est fini. C’est derrière. T’as pris la tangente ce week-end, discrètement, sans faire de vagues, ce qui est un comble.
La salle du bar-tabac de la rue des Martyrs va sonner bien creux sans toi mon François Hadji-Lazaro… Je peux pleurer maintenant. Adieu.