« Sous le règne de Bone » : le récit d’une Amérique en perdition.

Sous le règne de Bone

Il est des livres qui vous marquent au fer rouge. De ceux qui vous aident à comprendre la vie, à démêler les nœuds que tout adolescent se fait au cerveau. De ceux qui vous poussent à couper soigneusement le cordon ombilical qui, même s’il est souple, vous retient dans le giron familial. Il est des livres que l’on découvre à 18 ans, que l’on redécouvre à 30, que l’on relit régulièrement et toujours avec le même plaisir. Le mien s’appelle « Sous le règne de Bone » de Russell Banks.

« La naissance de la délinquance, c’est l’investissement secret de toutes les facultés de l’intelligence

dans la ruse. »

Daniel Pennac.

Chappie a 14 ans et quitte douloureusement l’enfance. Dans cette Amérique de la fin du 20ième siècle, entre un beau-père détestable et une mère dépassée, il choisit de quitter le collège et de partir vivre sa vie, entre délinquance et squats délabrés. Il glisse sur la mauvaise pente, malgré une intelligence supérieure à la moyenne. Vols, drogue, sexe, tout est à découvrir avec la rage d’un affamé. Malgré ses airs de dur à cuire, avec son iroquoise et ses piercings, la transition vers la vie d’adulte est compliquée quand, comme lui, on n’est pas né sous une bonne étoile, même au pays de tous les possibles. Sa mère lui manque, la violence autour de lui le débecte, mais il faut bien manger et continuer d’avancer, dans ce monde qui le repousse sans cesse sur le bas-côté. Avancer jusqu’à traverser les frontières et découvrir la Jamaïque, délaisser son costume de punk pour prendre celui de Rasta blanc.

Avec ce roman d’apprentissage, ce road movie sur papier, Russell Banks signe un livre magistral. On pense à « l’attrape-cœurs » de Salinger, aux « Aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain ou encore au livre clef de la Beat Generation, « Sur la route » de Jack Kerouac. Mais avec une qualité narrative hors norme et un univers réaliste, Banks ancre son roman dans son époque, laquelle par essence, me touche profondément. Le besoin d’espace et de liberté, d’émancipation et d’indépendance pour atteindre son rêve américain utopique, on l’a tous ressenti. Jusqu’à comprendre que l’Eldorado n’est pas le but mais bien le chemin… A l’image du tatouage qui transformera Chappie en Bone, j’ai ce livre dans la peau. Et toi ?

« Les délinquants font moins de mal qu’un mauvais juge. »

Francisco de Quevedo.

2 commentaires

  • Z
    Z

    Putain Bobby, j’en chialerais rien que d’y penser!!!

    C’est pas mon édition que je t’avais prêté au collège?

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    • L'homme des cavernes
      L'homme des cavernes

      Hey ! Non mon Z, c’est une réédition. Merci pour ton commentaire.

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