Survivre au mois d’août

 

 

La vieille horloge du salon a sonné six heures, nous sommes le 20 août, à Paris. C’est l’aube, et, déjà, les corps se relâchent à la douce froideur des premiers rayons de l’astre diurne. Voilà que répétant un traditionnel us estival, je suis ivre mort pour la trentième fois de l’été. J’écoute quelque valse de Chopin.

 

 

Je tente de marmonner à un compagnon de beuverie avachi à mes côtés : « T’entends comme il tripote son instrument le père Lipati ! ». Soudain, j’ai faim. Qui n’a pas connu cette tenaille qui vous prend l’estomac, ce besoin incohérent de vous remplir la panse, ce manque. Mais, problème, nous sommes le 20 août ! Je suis ruiné, mais amis aussi. L’oisiveté pendant deux mois (voir plus), cela coûte cher. Qui plus est, tout est fermé. Pourtant tel le Ugo de la Grande Bouffe, qui en réclame et redemande, j’ai faim, et j’ai faim de bonnes choses.

 

Quelques déconvenues antérieures devant un frigo désespérément vide m’ont appris quelques tricks et recettes que je m’en vais vous livrer maintenant.

1- Toujours avoir en réserve des produits de première nécessité, à savoir :

Des oignons, de l’ail ; des pommes de terre ; du lait ; de la bière ; du Tabasco ; du sucre ; du riz ; un fond d’épices (la base : piments, curry, curcuma, cumin, muscade, cannelle, gingembre, cumin ) ; de la viande hachée surgelée ; de l’huile, du beurre, du sel.

Pour les divers aromates, étant donnée leur longue conservation, un pot d’épice ou un tube de harissa est toujours un investissement à long terme. N’hésitez pas.

 

2-  Adopter une technique de travail et IMPROVISER

Quand je prépare de la viande hachée, que ce soit en kefta (cf la recette en III), en burger, en steak, je commence toujours par préparer la viande de la même façon :

Dans un grand saladier, je vais malaxer la viande avec des aromates, de la bière et de la farine. Puis je la sculpte, disons-le, selon ma convenance. Et je peux décliner cette base en d’infinies façons.

Quand je prépare des plats végétariens, très économiques, je commence toujours par un fond d’oignons frits et de pommes de terre, que je fais cuire dans du lait. Et j’invente selon l’ivresse qui me guide, de nouveaux mélanges.

 

3- Le temps de l’expérience/ Cas pratiques.

En alternant échecs et réussites lors de ces moments, vous vous sentirez plus à l’aise avec tel ou tel produit, et vous aurez alors la possibilité de prévoir quelques achats de moindre coût pour inventer de nouvelles recettes, propre à l’instant de sa préparation. Voici deux recettes, simples et peu chères, qui ont été modestement créées dans ce type de situation.

 

A/ La Kefta maison :

Ingrédients :

-de la viande hachée

-de la moutarde

-des herbes (coriandre, basilic, romarin, persil, ce que vous voulez)

-du piment, si vous êtes amateur

-de la bière

-de la farine

-du beurre

-un oignon/une tomate

-un yaourt blanc

-un citron

-des pains pita ou analogues

 

 

En général, comptez 3-4 euros maximum par personne sans compter les produits de réserves (cf I)

Malaxez la viande avec la moutarde, la bière, les herbes, le piment si ça vous botte. Quand je dis de la bière, c’est une goutte, entendons-nous; c’est pour la viande soit bien tendre. Ensuite, formez des boulettes que vous enroberez avec délicatesse de farine. Faîtes chauffer une poêle où devra nager un mélange de beurre et d’huile. Saisissez les boulettes, cuisez à votre préférence. Pendant ce temps, une petite sauce rapide : mélangez yaourt, citron, oignon et tomate, un peu de piment. Vous n’avez plus qu’à fourrer vos pains et kiffer. Le sommeil sera paisible, la gueule de bois, charitable.

B/Le curry

Avant toute chose, le curry, c’est un espace de liberté. On peut en créer de milliers de sorte. Il n’y a pas une recette. En vérité, un curry est un mélange d’épices accompagné de petites feuilles séchées appelées carry ; tout bon commerce en offre de tout prêt. Mais vous pouvez laisser libre cours à votre fantaisie. Voilà comment je procède, même si je ne suis jamais arrivé deux fois au même résultat.

 

Ingrédients :

-Gras divers

-Pommes de terre

-oignons

-riz

-lait

-épices

-des légumes

 

 

Dans une grande cocotte, faire revenir les oignons et les pommes de terre dans du gras. Au passage, quand je dis « faire revenir », c’est une image, qu’on soit bien d’accord. Une fois tout ça fait, couvrez votre cocotte (là encore, vous le confesserai-je, c’est une image), tout en ayant noyée au préalable votre préparation de lait ( la cuisine est une affaire de poètes trop affaiblis par la digestion pour pouvoir se prêter à la versification intensive).

Puis passez aux épices. D’abord, du piment, c’est inévitable ; comme ce n’est pas la bouffe du siècle, ça couvre un peu le goût. Et là, c’est la liberté, la porte ouverte à votre imagination. Pour moi : du curry tout prêt, et une petite dose de chaque épice décrite en I. Parfois, selon les trucs en stocks, ça peut changer. En ce moment par exemple,  j’ai des graines de sésames chez moi, et bah, c’est cool !

Laissez cuire longtemps, très longtemps. Je ne saurai vous dire précisément combien. Le but est que l’eau du lait se soit au maximum évaporée. A ce moment, alors que vous venez de lancer le riz, rajoutez du miel (du sucre en somme), tomates, poivrons, aubergines, poulets si vous vivez dans le luxe et l’opulence. Pour les esthètes, quelques noix de cajou, c’est le pied.  Quand le riz est prêt, mangez !

Allez, salut, bon courage; et profitez de l’été, ça n’arrive pas si souvent.

 

 

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