“The House” en streaming : viens à la maison, y’a le démon qui chante

Sorti du fin fond d’Internet, ce petit film d’horreur pourrait traumatiser votre été. Explications.

Vous venez peut-être de le découvrir en exclusivité au MK2 Bibliothèque. Après une sortie française avortée, ce premier long-métrage d’un jeune réalisateur canadien débarque bientôt dans nos foyers. Le synopsis de The House est diaboliquement concis : “Deux enfants se réveillent au milieu de la nuit pour découvrir que leur père est absent, et que toutes les fenêtres et les portes de leur maison ont disparu.”

C’est quoi donc The House ? Un énième Paranormal Activity ? Un Projet Blair Witch à hauteur de gosses ? D’emblée, le film nous rappelle les grandes heures du found footage : cadrages aléatoires, ambiance sonore poisseuse, intrigue minimaliste… Mais pour son incursion sur grand écran, le cinéaste Kyle Edward Ball sait se démarquer de ses prédécesseurs.

Depuis 6 ans, Ball utilise ses angoisses nocturnes et celles de ses followers pour les retranscrire en vidéo. C’est le nom de sa chaîne YouTube “Bitesized Nightmares” (des cauchemars à grignoter, en gros). On y trouve des playlists au titre aussi sympa que “Nostalgic Spooky Cartoons at night to fall asleep/relax to. 3 hour mix”. Et dans la foulée du confinement, son court-métrage “Heck” de 28 minutes agissait comme un galop d’essai : un enfant se réveille au milieu de la nuit, la télévision est allumée, et ses parents semblent absents. Si vous êtes sensibles à cet univers, à regarder de préférence les lumières éteintes avec un casque audio, vous avez de grandes chances de flipper avec The House, alias Skinamarink.

Skinaquoi ?

Le titre original est simplement une référence à une comptine populaire en Amérique du Nord, dont Kyle a légèrement modifié l’orthographe afin que de jeunes enfants ne tombent pas sur son film en cherchant la comptine en ligne (on l’en remercie). La chansonnette n’est pas mentionnée dans The House et agit donc comme un simple hameçon, intrigant ou obscur, c’est selon. Et le film entier est à l’avenant : vous aussi, vous avez déjà rêvé gamin que vous étiez tout seul chez vous ? Si oui, vous voilà prêt à remplir The House de vos angoisses, telle une auberge espagnole hantée.

Pour Ball, l’œuvre est on ne peut plus personnelle : fort de sa communauté de fans et d’un matériel vidéo emprunté à la médiathèque du coin, il tourne le film en une semaine dans sa maison d’enfance. Alors que Daniel Myrick & Eduardo Sánchez (Blair Witch) jouaient avec les mythes de la sorcellerie et les rumeurs pré-Internet, et tandis qu’Oren Peli (Paranormal Activity) essayait de créer une tension dans une chambre Ikea, Ball n’a pas besoin de faire le malin pour invoquer les esprits : il les a déjà vus, et cela fait toute la différence.

Avec un box-office en salles américaines de 2 millions de dollars pour un budget estimé à 15 000 $, The House est d’ores et déjà un énorme succès. Et ce malgré un piratage furieux du film sur les réseaux sociaux. On est curieux de voir où le cinéaste va continuer d’évoluer désormais. Quoi qu’il arrive, une porte a été ouverte et des influences aussi diverses qu’angoissantes ont pris un peu plus la lumière du jour : Chantel Akerman, David Lynch, Maya Deren … sans oublier la mouvance “horreur analogique” qui sévit en ligne depuis plus d’une décennie.

The House (Skinamarink) arrive le 28 juillet en exclusivité sur la plateforme Shadowz.

the house

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