Cette semaine, le 7e art a perdu un de ses plus dignes représentants, Christopher Lee. Mort à 93 ans et ayant joué dans près de 200 films, il a été le légendaire Dracula de la Hammer sur presque dix films. Il aura pu, après une période creuse dans les années 90, revenir dans les années 2000 dans deux des plus grandes sagas cinématographiques, celle du Seigneur des Anneaux et celle de Star Wars.
Mais cette fois-ci, je voudrais me pencher sur un film particulier sorti en 1973 qui ne ressemble non seulement à aucun autre mais qui fut aussi le préféré de toute sa carrière. Ce film est The Wicker Man de Robin Hardy. Délire post 60s, fable nihiliste new age et/ou cauchemar psyché celtique. The Wicker Man nous conte l’histoire du sergent Neil Howie (Edward Woodward) qui est appelé à enquêter sur la disparition d’une jeune fille, sur l’île écossaise reculée de Summerisle. Chrétien intégriste, Howie est vite choqué par les mœurs très libres des habitants, pratiquants du paganisme celtique. A mesure qu’il se heurte au silence conspirateur des îliens et de leur seigneur, l’énigmatique Lord Summerisle (Christopher Lee), Howie en vient à soupçonner le pire. Et si Rowan avait été assassiné ? Progressivement, l’enquête du sergent Howie va le mener vers le pire des cauchemars.
Voilà un film qui m’a marqué, et cela s’explique par le fait qu’il touche à un sujet qui m’a toujours foutu les jetons: celui des sectes… même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une secte. Mais d’une religion païenne axée sur la nature. Malgré le fait qu’il ait été tourné il y a plus de 30 ans, le film de Robin Hardy ne vieillit pas et fout réellement la trouille.
Car on finit par le plaindre, ce pauvre flic catholique intégriste et obtu perdu dans un monde radicalement à l’opposée de ses doctrines religieuses. Même si le type est réellement con car enfermé dans son carcan prosélytisme, sa situation est terrifiante. Progressivement, on se rend compte que ce sont les résidents de l’île de Summerisle, qui, bien qu’ils aient en partie raison, finissent par être esclaves de leur religion tout comme leur hôte. The Wicker Man n’est pas un simple film d’angoisse, mais étrangement, il possède des passages musicaux vraiment terribles. En particulier, un morceau magnifique : Willow’s Song, chanté par Annie Ross et playbacké par la somptueuse Britt Eckland. Certaines scènes sont assez osées, mais c’est surtout le contenu des propos et des actes véhiculés par les habitants de l’île qui sont corsés et réellement nouveaux à l’époque au cinéma.
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Et bien qu’au moment où le film ait été tourné, le trip hippie battait son plein, le sujet de la sexualité ainsi abordé au cinéma était franchement couillu ! Mais The Wicker Man ne serait pas le chef d’oeuvre qu’il est sans ses interprètes hors pair qui le peuplent. Ainsi, Edward Woodward est réellement fantastique en inspecteur borné, Christopher Lee tient ici son meilleur rôle (en tout cas celui dans lequel je le préfère) Les magnifiques Hammer Girls, Ingrid Pitt (qui nous a quitté récemment) et Britt Eckland complètent cette distribution hors pair qui donne à ce film son ton unique, décalé, étrange, et terrifiant qui rarement a été égalé dans le cinéma d’angoisse.
Robin Hardy donnera une suite médiocre à son chef d’œuvre qu’il intitulera The Wicker Tree quelques 40 années après, et naturellement, The Wicker Man aura droit à un remake (Inutile de par son état de remake) bancal avec Nicolas Cage et sa perruque vivante.
Le final est à proprement dire atroce et sans concessions et fait de The Wicker Manun grand film, que je recommande à tout le monde et à tout fan de cinéma tout court. En tout cas, s’il y a un film dans lequel je veux me souvenir de l’immense et du regretté Christopher Lee, c’est bien celui-ci.