Rétro Ciné : Hobo with a shotgun de Jason Eisner quand un sdf décide de nettoyer la chienlit urbaine à coup de pompe…

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Si il y a bien une tranche de notre société pour qui depuis mon plus jeune age j’ai toujours eu une grande tendresse ce sont bien les sans abris. Incompréhensible attirance envers ses hommes et femmes démunis qui ont tout perdu a un moment où a un autre de leurs vie, mais qui résistent tant bien que mal afin de rester vivant dans l’enfer de notre société capitaliste et qui ne pardonne rien aux plus faibles ou a ceux qui ont raté la marche de la réussite. Bien que je ne leur ai jamais envié leur sort, j’ai toujours voulu les aider et alors que je me baladais seul dans les rues de Paris vers mes 10/12 ans (môme un peu seul et un peu trop culotté) il m’arrivait de passer des heures a discuter avec le clochard du coin. Plus tard alors que je vivais dans le 17 eme arrondissement vers l’avenue de St Ouen, il m ‘est arrivé de faire monter des sans abris chez moi afin qu’ils se douchent, se changent et graillent un coup. Je ne sais franchement pas ce que je leur trouvais car je ne suis pas trop du genre philanthrope, mais bon. Je pense qu’inconsciemment je les ai toujours associé à une image d’Épinal du vagabond libre de tout et en marge de la société, en gros l’image romanesque de l’humain sans attaches, qui va où il veut quand il le veut et à son rythme, sans adresse, voyageant dans les trains de marchandises au gré des saisons et des petits boulots. Dans mon travail quotidien (éboueur) je parle tout les jours avec certains sans abris avec qui en 7 ans je me suis lié d’amitié et avec qui nous échangeons des bouquins et autres. J’ai donc eu confirmation (ce dont je ne doutais aucunement) par certains d’entre eux que leur vie était loin de celle du vagabond baluchon sur l’épaule qui se balade de ville en ville. J’ai toujours écrit ou dessiné des histoires tournant autour du sujet des sans abris. Si peu de films leur ont été consacré. Il était donc évident que je craquerai pour un film qui les met en vedette.

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L’histoire : Hobo (Rutger Hauer) un sans-abri aigri par la vie qui vient tout récemment d’arriver à Scum City et qui est peu à peu dégoûté par la pourriture qui l’entoure: meurtriers sadiques, policiers corrompus, Père Noël pédophile, revendeurs de drogue et j’en passe… Témoin d’un braquage terriblement brutal, l’un des otages est un nourrisson de quelques mois. Aussitôt Hobo décide de faire le ménage et ça, de la seule manière qu’il connaisse: à l’aide d’un fusil de chasse.

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Hobo with a shotgun est réalisé par Jason Eisner, le réalisateur du court métrage de Noël Treevenge (que j’ai récemment publié en ces honorables pages)Vous souvenez vous de ce mémorable faux trailer du même nom toujours réalisé par Jason Eisener pour le concours de fausse bande annonce grindhouse organisé lors de la sortie des films de Rodriguez et Tarantino. Et bien de cette fausse bande annonce amateur fort bien faite est né un véritable long métrage. Fabuleux et incroyable long métrage porté par l’acteur culte j’ai nommé le grand Rutger Hauer qui ici campe le fameux clodo avec un fusil en titre. Outre ses fonctions ludiques et purement destinées à divertir, on se retrouve face a un magistral drame humain, pourtant traité de façon trash et fun. Car on est ici face a une véritable dénonciation du traitement des sdfs dans une Amérique décadente, traitement ici certes grossi et caricaturé à outrance, mais qui malheureusement s’avère tout de même juste. Hobo with a shotgun est aussi un film qui malgré une violence graphique évidente, possède une sensibilité principalement illustrée au travers de la relation pleine de tendresse de Hobo et Abby la jeune prostituée au grand coeur.

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Jason Eisner tacle aussi un bon coup dans l’aile à l’ignoble émission yankee Bum fight qui pousse pour un dollars ou plus des clochards a s’auto mutiler ou à se battre. Mais si il y a bien un élément qui m’a particulièrement fait  triper ce film, c’est son aspect visuel complètement ovniesque et extrêmement influencé par la culture comics books US. Et cet aspect si particulier est due au talent du réalisateur québécois Karim Hussain ici au poste de chef opérateur qui confère au film des couleurs et des cadrages d’une grande richesse visuelle. Bien entendu par moment et c’est pour moi le seul bémol, les couleurs sont tellement poussives et contrastées que s’en est trop, mais qu’à cela ne tienne, ce sont ces mêmes images colorées qui confèrent au film sa richesse graphique qui dénote franchement du commun des autres prods. On est ici devant un film vraiment artistique dépeignant à outrance la triste réalité actuelle sans pour autant forcement céder aux sirènes de ce type de film. Car si on est ici dans un projet qui reste nettement un hommage aux vieux films Grindhouse, ici pas de plans sexy pleins de cul et de nibards, et pas non plus d’effet old movie comme dans Planet Terror. De plus la BO est fabuleuse, en particulier, le morceau composé par le talentueux Adam Burke.

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Un film glauquissime, suintant et coloré qui peut rappeler Street Trash. Hobo with a shotgun marque aussi le grand retour de Rutger Hauer, l’acteur fétiche de Paul Verhoeven star de Blade Runner, La chair et le sang ou Hitcher. Le septuagénaire nous offre ici une magnifique et touchante performance qui donne beaucoup de force à ce fantastique long métrage qui mêle avec une grande habileté le genre, car il s’agit d’un pur vigilante movie saupoudré de fantastique, mais je ne vous en dit pas plus et je vous laisse découvrir cette merveille (qui ne plaira pas a tout le monde c’est certain) mais qui est d’or et devenu culte aux yeux de beaucoup de spectateurs.

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