IDLES sort Crawler et nous offre à la fois du bon Postpunk et des nouveautés !

IDLES, quintette Postpunk/Noise Rock issu de Bristol, est décidemment créativement prolixe : COVID oblige, moins de concerts (furieux), plus de temps pour écrire et cracher ses tripes. Un après la sortie du « décevant » Ultra Mono, voici Crawler , le 4ème album studio qui témoigne de la capacité du groupe à se renouveler efficacement tout en conservant ses fondamentaux : textes engagés et section rythmique bien lourde.

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Avec 14 titres au compteur, Crawler se veut plus introspectif, éclectique, posé et davantage expérimental. L’album se différencie de ses prédécesseurs pour le meilleur évidemment et s’inscrit comme une transition somme toute séduisante, ouvrant des perspectives alléchantes si les IDLES perdurent dans cette voie. Voici la review !

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MTT 420 R donne le ton. Lent, progressif, tendu et enrichi de ces petites dissonances et notes qui tombent au compte-goutte. La voix de Joe Talbot est calme, la rage intériorisée et contribue à l’atmosphère inquiétante et sombre. On entend ici ou là des violons, des synthés ce qui est inhabituel. Parfaite entrée en matière de cet album qui cache de nombreuses surprises.

The Wheel enchaîne sur une cavalcade mid-tempo qui n’est pas sans rappeler un riff à la ZZ Top (La Grange) avec un break noise où la basse déchire tout.

When The Lights Come On propose une basse tendue typique Post Punk et des riffs de guitare aériens bien nourris aux effets de delay et de réverbération. A ce stade, toujours aucun énervement de la part de Joe Talbot à part vers la fin.

Car Crash débute par une phase expérimentale/noise (du genre des LIARS ou des SUUNS des débuts). Le titre est abrasif, martial et le flow très Hip-Hop (à la SLEAFORD MODS) de Joe Talbot s’accélère et s’oppose à la lenteur de la chanson. La fin est un magma sonique des plus jouissif qui doit vraiment donner en live !

The New Sensation fait très (Post) Punk, la batterie et les guitares sont pour le coup jouées à un rythme beaucoup plus rapide et ne serait pas sans rappeler les chansons de THE FALL. Quelques expérimentations soniques s’inscrivent dans le dernier tiers du titre, lui donnant un côté désaccordé.

Stockholm Syndrome se veut très Postpunk voire industriel par certains côtés. On y entend également quelques élans un peu No Wave.

The Beachland Ballroom sonne comme une ballade qui pourrait sortir des années 60 (les synthés y sont pour beaucoup). Une merveilleuse mélopée où Joe Talbot adopte un nouveau style de chant, limite Soul.

Crawl! ouvre sur des larsens et un rythme plus soutenu conférant un côté Punk à l’ensemble. On retrouve là les refrains typiquement rageurs des IDLES.Le dernier tiers est tout en tension, enrichi de riffs un peu psyché. L’un de mes titres préférés de l’album.

Meds débute sur un riff de basse tendu comme un string, dans la lignée des chansons « classiques » du groupe. Les guitares sont épisodiquement présentes et tombent, tranchantes. La deuxième moitié du titre voit des expérimentations soniques avec l’apparition d’un saxophone qui accompagne les riffs distordus et dissonants des guitares. Un morceau sous haute tension.

Kelechi est un interlude sonore de 30 secondes sans grand intérêt.

Progress débute par un arpège en son clair et des petites notes semblent suspendues, accompagnant la voix aérienne et cotonneuse de Joe Talbot. La deuxième moitié s’ouvre à des expérimentations plus électroniques. L’ensemble donne une allure de rêve ou de réveil difficile, c’est selon.

Wizz est, en 30 secondes chrono (encore), pour le moins Hardcore Punk dans la lignée des BLACK FLAG ou des D.R.I (Dirty Rotten Imbeciles). Bon, les gars ont voulu certainement s’amuser …

King Snake me fait penser à du THE FALL et au flow de son leader/chanteur Mark E. Smith. Une boucle classique Postpunk.

The End clôture l’album de façon plus noisy. La rage se fait moins contenue mais reste maîtrisée.

Que retenir de Crawler ?

IDLES a clairement mis les pieds vers une toute autre direction, plus riche, qui sonne vers une évolution prometteuse de leur musique. Celle-ci, même si, elle conserve ses racines Post punk et Punk, s’oriente vers davantage d’électro et d’expérimentations et ce n’est certainement pas pour me déplaire. Là où Ultra Mono me laissait sur ma faim, tournait en rond et n’apportait rien de nouveau, Crawler surprend positivement par ses subtilités et sa beauté (la qualité de la production est juste énorme). On reste dans la veine lyrique des IDLES avec des textes sombres, intenses, authentiques qui peuvent constituer une catharsis.

Crawler est-il l’album de la maturité ? Je pense davantage à un album de transition. Il fait complètement oublier son prédécesseur et apporte une créativité et une fraîcheur bienvenues car, à mon sens, égarées au moins depuis Joy As An Act Of Resistance paru en 2018.

Le meilleur reste à venir car malgré tout, la vie est belle !

PLAYITLOUD !

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