Download 2017 : tu peux y aller, c’est de la bonne (fest report)

J’ai participé à la deuxième itération du Download Paris. Le festival Metal se tenait sur la BA217, une base aérienne militaire en banlieue sud. Trois jours de canicule atroce, de son saturé et très fort, de bières bues le cul dans la poussière. Je soigne ma dépression post festival en vous écrivant ce fest report.

Que de contrastes entre la première édition du Download, en juin 2016, sur l’hippodrome de Longchamps et sous la pluie et l’édition 2017, sur un aérodrome perdu au fin fonds de l’Essonne, sous un soleil de plomb. Niveau organisation, il y a eu d’énormes progrès entre les deux éditions, mais vu les quelques difficultés rencontrées, notamment le samedi, l’organisateur Live Nation a encore une marge de progression. Retour en mots et en image sur trois jours de sueur, de musique et de bière.

Vendredi 9 juin : des flics et des flaques

Arrivée à la gare de Bretigny, nous décidons de faire le trajet jusqu’au site à pied plutôt que de prendre les navettes gratuites. Les vingt minutes de marche annoncées sur le site officiel du Download 2017 se transforment vite en 30 minutes sous un soleil sans pitié. Une fois à la porte de la base, mauvaise surprise, il faut encore crapahuter 2 kilomètre sur une route goudronnée en plein cagnard pour atteindre  le site du festival. La route est décorée de bornes, tags et petites phrases sur les bienfaits du Rock n’Roll tandis que les grilles qui l’encadrent sont déjà copieusement décorées d’affiches d’événements à venir. Le chemin s’enfonce petit à petit dans la BA217, une base aérienne militaire en partie désaffectée mais pas abandonnées : on passe des bâtiments en ruine, des casemates couvertes de barbelés et des panneaux d’interdiction inquiétants : « défense d’entrer DANGER », « vous pénétrez dans une zone de sécurité » etc… ambiance!

Le périple s’achève par une fouille au corps et la pose du sésame du festival : le joli bracelet orange avec sa mini cashless intégrée qu’on peut alimenter directement via l’appli smartphone du Download 2017. Là, je crie au génie. Finis les jetons, finies les queues interminables pour alimenter la cashless. La carte au poignet permet de payer à quasi tous les stands du site : bars, foodtrucks, merch officiel et même les boutiques du Metal Market. C’est peut être un détail pour vous, mais c’est quand même génial.

Le site est une immense esplanade herbeuse (elle ne le restera pas bien longtemps), détrempée par les orages qui se sont abattus sur l’Ile-de-France la nuit précédente. Le terrain raviné par le passage des engins est un champ de bataille plein d’ornières, de trous, de flaques. On ne s’éloigne des chemins balisés qu’au risque de se retrouver enlisé jusqu’au genou dans une boue épaisse et grasse. Si certains aventuriers n’hésitent pas à se rouler dans la fange, la plupart des festivaliers tentent d’éviter le bain de glaise en restant sur les rares zones herbeuses, les pieds au sec.

L’aménagement est sommaire : deux immenses scènes face à l’entrée, deux plus petites scènes à l’extrême opposé, cinq bars génériques, quatre bars spéciaux (vin, cidre, bières spéciales, Passoa), un Metal market, des WC et deux zones de foodtruck entourant des tables de pic-nic. Les habitués des festivals trouvent rapidement leurs marques. Ce qui surprend surtout de prime abord, c’est l’immensité du site, sommairement décoré par quelques carcasses d’avions et les aménagements des bars spéciaux. Les deux choses qui manquent cruellement sont l’ombre et les endroits pour s’asseoir. D’ailleurs, si la fréquentation du vendredi permet à tout le monde de trouver un siège à l’ombre, dès samedi, les places à l’abri du soleil se négocieront à prix d’or.

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Une fois les besoins primaires assouvis (un pipi, un burger et une bière), il est temps de s’intéresser au spectacle. Les concerts démarrent chaque jour autour de 14 heures, ils se déroulent à tour de rôle sur chacune des mainstage et simultanément sur les scènes annexes, la moyenne Warbird, abrité sous une tente (la seule scène couverte du Download 2017) et la minuscule Spitfire, certainement la scène la plus trash du festival, en tout cas la plus fun. Ce vendredi, j’ai bien accroché à The Charm The Fury, un groupe de Thrashcore hollandais emmené par une frontwoman particulièrement dynamique qui se produisait devant une Spitfire bondée et boueuse. J’ai vibré devant Hatebreed, même si le son sous la Warbird était moyen, les américains ont bien retourné le pit. J’ai tenté d’assister au set de Gojira mais les français jouaient si fort que même à 200 mètres de la scène, j’ai eu l’impression d’être Marty McFly essayant l’ampli géant dans Retour vers le futur. Quand j’en ai eu assez de trouver rigolo de ressentir la batterie dans ma poitrine, je suis allé prendre mon pied avec le set planant de Mars Red Sky. Il n’y avait pas foule et le trio bordelais s’est presque excusé d’être ici alors que le gros du public était avec Gojira, mais rapidement le gang est parvenu à installer l’ambiance si planante des deux derniers albums (Stranded in Arcadia et Apex 3) sur lesquels reposait la setlist. Sans conteste mon coup de coeur de ce vendredi. Et t’as pas vu la tête d’affiche du jour, Linkin Park ? Si, un peu, mais c’est pas trop ma came et les trois chansons que j’ai écouté ne m’ont pas donné envie d’aller plus loin.

Samedi 10 juin : des couics et des couacs

Samedi il fait chaud, très chaud, très très chaud. Le coup de soleil se porte bien, c’est même la tenue la plus fréquente chez les festivaliers. Grosse date puisque c’est le jour de System Of A Down. Les americano-arméniens ne jouent pas souvent en France. Cette année ils ne jouent qu’au Download et le fan club a fait le déplacement en masse. Je ne sais pas quelle proportion du public n’est venue QUE pour le final, mais il y en avait forcément quelques uns (il y en a toujours). Comme je l’avais pressenti, c’est la journée la plus fréquentée du weekend et le site qui paraissait vide hier est aujourd’hui plein comme un oeuf. En résultent des queues interminables partout (ci-dessous la queue à l’un des bars), une foule compacte, des pénuries de boisson. La journée du samedi a été très éprouvante. Je n’ai même pas réussi à boire une bière, un comble, non?

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Musicalement parlant, j’ai vu un gros tiers du set de Alter Bridge et ça m’a donné envie de mieux découvrir la discographie de ce gang vraiment cool. Des compos accrocheuses, des musiciens pointus, un frontman attachant et charismatique (Miles Kennedy) et une maîtrise de la scène parfaite. Ensuite, j’ai donné leur chance à Blues Pills. Je boudais un peu le groupe depuis quelques temps. J’ai pas trop accroché au virage Soul de leur deuxième album, Lady in Gold, mais surtout, je trouvais que les prestations scéniques du gang se résumaient trop souvent à une démonstration des talents de guitaristes de leur lead guitar, Dorian Sorriaux. Heureusement, le groupe a revu sa copie et leur set de ce samedi était au poil. Toutefois, je trouve que leurs premières compos sont beaucoup plus Rock et punchy que celles du dernier album. Sur scène, ça ne fait pas un pli, le public est plus accroché par « Little Sun » ou « Devil Man » et son habituelle intro a capella que par les nouveaux morceaux. J’aurais aimé apprécier AQME qui se produisait sur la petite Spitfire mais le pit était littéralement pris d’assaut par un public compact et compte tenu de la configuration de la scène, les places permettant d’apprécier le concert étaient déjà toutes occupées. Dommage car les français ont vraiment bien assuré. Ils auraient mérité une scène plus adaptée à l’audience. J’ai trompé ma frustration devant Five Finger Death Punch, mais j’ai moyennement apprécié les chansons un peu trop bas du front, l’humour potache du frontman et les temps morts systématiques entre deux chansons. J’ai fini ma journée avec le set de Slayer, efficace comme toujours, mais un peu en pilotage automatique. Quoa, t’es pas resté pour SOAD ? Ben non, j’aimerais les voir en live, vraiment, mais la journée a été très éprouvante et je craignais un set aussi chargé et pénible que Rammstein au Hellfest l’année dernière. Alors j’irai les voir quand ils passeront en concert dans ma MJC, mais finalement, en fest, je préfère éviter les grosses TA. Et puis quand tu décides de rentrer, t’as encore pas mal de marche à pied et de transports avant de retrouver ton lit….

Dimanche 11 juin : des cliques et des claques

La dernière journée du festival fut une petite apogée. D’abord, il y avait bien moins de monde que samedi. Ensuite, l’affiche était beaucoup plus brutale que les autres jours. J’avais envie de voir tous les concerts sauf Green Day. Les papas du Post Punk faisaient d’ailleurs un peu tâche sur une affiche très Metal / Hardcore et les nombreux fans qui n’avaient pris leur pass que pour ce concert et ont passé la journée à l’attendre n’ont pas du rigoler tout le temps (mention particulière à la fille qui a passé l’après-midi adossée à la crash barrière de la mainstage. Je l’ai vue jouant aux cartes pendant Suicidal Tendencies et écoutant son MP3 pendant Suicide Silence, fortiche, mais un peu naze aussi). Moi, vous me connaissez, j’aime quand ça fait saigner le pit et entre le set monstrueux des parisiens de Rise Of The Northstar, la belle découverte des thrasheux de Lost Society, le très beau concert de Suicidal Tendencies (malgré un Mike Muir un peu à la peine vocalement parlant) et la baffe gigantesque de Architects, j’ai eu ma dose d’émotions fortes. Du coup, j’ai plié les gaules assez tôt car, mine de rien, ces trois jours de festoche m’avaient bien vidé, et c’est ce que j’en attendais. Quoa, t’as pas vu Mastodon, Prophets of Rage et Green Day? Non, trois fois non. Mastodon, j’étais encore sonné par le set de ST, et passer de l’un à l’autre était un peu difficile. Pareil que pour SOAD, je les verrai en concert, un jour. Prophets Of Rage, ça me dit pas plus que ça, et j’avais pas particulièrement envie d’écouter un groupe politisé me dire que Trump c’est pas bien (surtout qu’on avait déjà eu une petite dose sur le même thème avec Suicidal), enfin Green Day, j’ai toujours trouvé ça chiqué.

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Bilan

Cette deuxième année est plus satisfaisante que la première. Bien que moins pratique d’accès que le bois de Boulogne, le site de la BA217 a vraiment du charme. Le trajet porte à porte depuis Paris prend près de deux heures, multiplié par six, ça finit par faire beaucoup de temps passé dans les transports et il vaut mieux dormir sur place si possible. La cashless est vraiment top, les chiottes étaient toujours propres (des vraies chiottes en plus, pas des Toi Toi), le booklet de deux pages avec juste le plan et la setlist est vraiment plus cool que d’autres booklets gavés de pub. Il y a une marge de progrès sur l’habillage du site (mettre plus de fauteuils, plus de zones ombragées), la gestion des foules (le samedi était un vrai tue l’amour) et la sonorisation des scènes qui n’était pas toujours au poil.

Je ne suis pas de ceux qui considèrent le Download comme un trublion qui se positionne dans l’agenda des festivals pour piquer du public au Hellfest. J’ai testé les deux, ils ont chacun leurs forces et leurs faiblesses et il faudrait peut-être arrêter de penser que l’un est organisé par des capitalistes au cœur de pierre et l’autre par de gentils associatifs passionnés! En tant que festivalier, ce qui compte pour moi c’est de bien m’amuser et n’en déplaise aux fanboys de la grand messe clissonnaise, le public du Download 2017 était peu ou prou le même qu’au Hellfest, avec peut-être un peu moins de déguisements (qui s’en plaindra?), de touristes venus avec leur fauteuil pliants et de VIP en tous genres. En trois jours, j’ai vu de super concerts, un public metalleux comme on l’aime, des gens qui ont pris du plaisir et c’est ça qui compte. Comparer les mérites respectifs des festivals est un exercice vain, on va le laisser aux grincheux et on donne rendez-vous aux autres en juin 2018!

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