Attention, album génial. Ce n’est pas si courant que ça en ce moment, alors il vaut mieux marquer cette sortie d’une pierre blanche. Le groupe s’appelle SIBERIAN…
Leur dernier disque, Through Ages Of Sleep est un concept album particulièrement abouti. Oh, je vous vois lever les yeux au ciel. Mais pour une fois, on évite l’histoire moisie contraignant les musiciens dans un exercice de style pénible. Les compos sont si bien foutues que vous savez que le groupe vous raconte une histoire rien qu’en suivant la tracklist. Ici de la rage, là de la peur, enfin de l’apaisement. Le gang vous entraîne dans un savant crescendo – decrescendo juste avec son instrumentation, l’alternance du screaming avec un très beau chant clair et une construction musicale protéiforme. A la base, il y a bien sûr le trio guitare – basse – batterie, mais d’autres instruments à corde s’invitent à quelques moments clé, sans jamais s’imposer ni s’appesantir. Il n’y a aucune complaisance dans le travail d’écriture. Tout est pesé, mesuré, millimétré et cependant exécuté avec naturel et spontanéité. Le travail est mis en valeur par un mixage juste, sans aucune surproduction superflue.
Dans l’intention, sinon dans la réalisation, Through Ages Of Sleep tutoie la perfection de At The Heart Of Winter de IMMORTAL.
Trough Ages Of Sleep est le deuxième volet d’une trilogie des âges entamée en 2014 avec le premier album de SIBERIAN, Modern Age Mausoleum. Ce premier essai diffuse une vision sombre et pessimiste de notre société. Il est fortement influencé par la littérature dystopique. C’est au contact d’autres gangs, d’autres scènes, lors de la tournée qui s’est ensuivie que SIBERIAN a élaboré l’identité musicale de son projet suivant. Une fois les tournées achevées, le trio s’est consacré pleinement à l’élaboration de Trough Ages Of Sleep. La matière première de ce nouvel opus, ce sont les rêves personnels des membres du groupe. Le disque explore le subconscient à travers des portraits saisissants qui s’affranchissent de la construction musicale classique. Au lieu de s’en tenir à l’alternance couplets refrains, le gang suit une narration asynchrone gorgée de feeling.
Le splendide artwork réalisé par Mattias Frisk reprend les thématiques abordées dans la galette qu’il habille. On se contentera de ces quelques indications scénaristique car pour le reste, il est bien difficile de décrire avec précision la musique. Difficile en tout cas d’y accoler une étiquette. Post Metal ? Metal Moderne ? Black n’Sludge ?Je suis conscient de la vacuité de ces tentatives et je ne trouve aucune astuce pour englober dans une seule expression l’incroyable variété d’influences que le trio originaire de Linköping a insufflé à ses compos. SIBERIAN se contente d’évoquer un mix entre le Sludge américain et la musique scandinave et il est vrai que la parenté avec Mastodon s’impose parfois, même si les deux formations ont chacune à sa façon développé un univers personnel et racé. Ainsi, pour le volet musique scandinave, les suédois ont ratissé large. Un peu de musique folklorique par-ci et pas mal de Black Metal par là, un screaming écorché, de l’instru acoustique.
Bref, c’est un disque riche. Mais ce qui le caractérise, c’est que, quand bien même le trio emprunte des bonnes idées à ses contemporains, la musique qu’il compose est unique, originale, inédite.
DROP D' FUZZ
Siberian jouera en France à ROUEN (76), au Hipster Café le 19 avril 2017 (PAF : 6 €).
L’évènement, c’est par ici : https://www.facebook.com/events/730645087117663/