A cure for life de Gore Verbinski plongée en eaux troubles…

Si il y a bien un univers qui inspire depuis toujours le milieu du cinéma c’est bien celui du milieu médical et en particulier celui de la psychiatrie. Bien que d’une certaine façon le film dont nous allons traiter ne soit pas a proprement parler d’un film sur l’aliénation mentale. Et ce sont en particulier les clients ou devrais je dire les patients de ces lieux où sont enfermés les divers réceptacles humains de la multitude de maladie mentale qui pullulent dans notre monde. La folie a inspiré les plus grands réalisateurs, Terry Gilliam, Samuel Fuller, Martin Scorcese, Milos Forman, Alan Parker, George Franju et pleins d’autres.

Elle a donc donné de grands films comme Vol au dessus d’un nid de coucou, Le Locataire, Fisher King, Angel Heart et bien plus encore qui tous ont contribué à l’utilisation de l’image d’Epinal de la folie de façon plus ou moins réaliste. Et pour l’exploration des méandres de la folie bien peu auraient pu penser au réalisateur Gore Verbinski pour en être l’explorateur principale.

Lockhart est un jeune cadre qui pour obtenir une place importante dans sa boite, doit retrouver son patron, qui a disparu dans un centre médical au fin fond de la Suisse. Il se rend sur place et se retrouve lui même pris au piège de cet étrange institut et de ses employés et suite a un accident n’a plus d’autres choix que de se soumettre au traitement peu commun délivrée par le sanatorium.

Alors qu’en est il de cet incursion Verbinskienne dans l’univers occulte de la médecine et d’une certaine façon de la folie ? Et bien malgré d’indéniables qualités visuelles et d’une ambiance cliniquement froide et glauque, A cure for life (au passage exemple flagrant de la débilité des distributeur qui changent littéralement le titre d’origine d’un film en anglais par un autre titre en anglais le titre d’origine de se film est a cure for wellness) n’est pas aussi efficace que sa bande annonce. En fait il comporte de superbe moment d’ambiance mais ne parvient jamais a être vraiment viscéral. Ni a vraiment inquiéter réellement, on se laisse un peu balader en suivant cette quête du personnage principal, quête qui tient plus du parcours initiatique du héros traversant et enquêtant dans les dédales de couloirs de cette mystérieuse clinique Suisse. En fait, n’étant ni un Cronenberg, un Lynch ou un Polanski, Gore Verbinski en étant néanmoins un excellent faiseur ne parvient jamais a réellement donner de la matière a ses personnages et a ses enjeux. Il évite cependant les abominables lieux communs de ce que j’appelle un film “I know who i am” (traduisez: “Je sais qui je suis”), vous savez ces films qui réutilisent sempiternellement le même gimmick consistant a faire que le personnage principal est en fait celui qu’il cherche depuis le début. Gimmick qui a fait la gloire et la réussite de certains films il y a bien longtemps, mais qui a été usé jusqu’à la corde. Donc ici point de “I Know who i am”, mais une enquête qui perd progressivement de son intérêt.

En fait Lockhart le héros parvient avec une facilité un peu trop déconcertante a faire des allées et venues dedans et dehors de l’hôpital. Alors que techniquement vu les dangers qu’il y court, il devrait prendre ses jambes a son cou par tout les moyens. Plus on avance dans l’intrigue, plus elle se déficelle dans une étrange immaturité narrative. En fait plus ça va plus on s’en fout des personnages, et on suit l’intrigue avec autant d’intérêt qu’un épisode de Miss Marple.

En réalité ce qui au début apparaît comme (presque) passionnant en devient vers la fin complètement vain.  Cependant ce que A cure for life perd en intérêt scénaristique, il y gagne au travers de ce qui semblent progressivement être ses influences. A savoir des influences littéraires tel que des géants de la littérature fantastique tel que Edgar Allan Poe ou le grand Howard Philippe Lovecraft. Mais attention si la place de l’eau est dans ce film magnifiquement mise en avant (je n’ai jamais eu autant envie de m’envoyer une bouteille d’eau minéral fraîche lors d’une séance de cinéma, les eaux dans lesquels nage ce film ne sont pas aussi troubles et putrides que celles dont sont baignés les œuvres des deux illustres romancier de génie susnommés. Oui il y a du glauque, du malsain, du bizarre, mais attention comme je le disais plus haut nous ne sommes pas chez Cronenberg mais chez Gore Verbinski un faiseur efficace et un “Yes Man” de talent qui nous a livré des films moyens comme Le Mexicain, le remake de The Ring et la première trilogie au demeurant ce qui est devenu ce pourquoi on se souviendra de lui, l’excellente (ce n’est que mon avis et qui a muté avec le temps et la revoyure) Pirate des caraïbes. 

cure for life

Cependant il y a pas mal de points positifs a ce film, personnellement j’aime les films qui durent longtemps et A cure for life est assez long un peu plus de deux heures, il dispose d’une belle photographie, de beaux décors et d’une interprétation solide de la part du jeune et doué Dane DeHanne, le toujours impeccable Jason Isaac, et l’étrange et déconcertante Mia Goth.

Le film recèle aussi de beaux moments assez décalés et perchés comme une scène de dentisterie qui donnerait même des frissons a un chirurgien dentiste et qui fait automatiquement référence à la scène cultissime de Marathon Man et même à certains moments gore dans les films du transalpin Lucio Fulci, ainsi  une scène de bar assez barrée. Mais ces beaux moments ne parviennent au final pas a le placer au niveau de certains de ses aînés et ce qui plaira et emballera un publique n’ayant pas été sevré à un certain cinéma comme celui des maestros nommés au débuts de cet article, y trouveront ce qui leur semble être de l’originalité et de la bizarrerie. Mais les autres, n’y verrons qu’un ersatz manquant de saveur d’un certain cinéma mêlant onirisme, terreur et polar comme on en faisait il y a bien longtemps.

cure for life

Étrangement je pense que l’histoire de A cure for life aurait pu donner une excellente graphic novel, une bonne bande dessinée, mais traité au cinéma sur plus de deux heures fait en sorte que toutes les facilités diégétique le rendent quelque peu fade, désuet et a par moment l’infertilité d’un scénario de jeu vidéo playstation 2.

cure for life

Alors loin de moi l’idée de vous détourner de ce film qui est loin d’être mauvais, et qui tente de s’extraire de la morne richesse des production actuelles. Mais ne vous attendez pas a un chef d’oeuvre. Sauf si vous êtes bon publique et que vous n’en demandez pas trop a ce type de film.

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