On vous a fraîchement parlé de Indaco et de sa chanson Tu mi distrai. Indaco c’est un jeune italien prometteur, Mario Tomaselli. C’est ce que nous apprenait Charles Chinasky la semaine passée.
Vous me direz, on s’en fout que ce soit un italien et en un sens, vous auriez raison, d’abord compte la qualité de la musique. Si je me permets de le souligner, c’est que franchement, c’est pas si courant que les artistes transalpins arrivent jusqu’à nos oreilles.
Mon père étant lui-même un immigré italien j’ai été bercé petit au son des Toto Cutugno, Adriano Celentano ou encore Lucio Battisti. Bien sûr on a entendu dans nos contrées Eros Ramazzotti, Zucchero, Luciano Pavarotti ou Andrea Bocelli mais admettez qu’en quarante ans c’est pas foufou et surtout ce n’est pas ce qui nous a donné envie de chercher plus loin. Cela a toujours été un mystère pour moi alors que la langue de Dante n’est quand même pas la plus moche en musique, surtout si on compare je ne sais pas, par exemple aux chansons teutonnes… En grandissant, mes goûts musicaux s’affirmant, j’aurais aimé découvrir des cousins ritals à mes Noir Desir, Murat, Mano Negra, Dominique A, Katerine, Miossec et consorts.
Il y a bien eu Litfiba au début des années 90 mais c’est à peu près tout et ça ne m’a pas non plus trop secoué. Bref ce n’est pas par le biais musical qu’on a été re-gallo-romanisé. Heureusement que ce n’est pas la même histoire avec la bouffe. Parce que putain c’est trop bon ! Mais je m’égare et surtout je tarde à introduire les deux artistes dont je veux vous parler aujourd’hui.
Car depuis trois quatre ans enfin (mais leurs carrières ont débuté au début des années 2010) , j’ai du plaisir à écouter des ritournelles ritales, et ce, par la voix de deux génies Andrea Laszlo De Simone et Jacopo Incani. Ces deux artistes sont comme les deux faces d’une même médaille. Le premier nous partage sa quête de beauté et d’harmonie avec le monde alors que le deuxième, tout de rage contenue, balance ses coups de griffes.
De Simone connaît un beau succès critique (mérité) avec sa musique toute de beauté élégiaque. La classe à l’état pur, le mec, c’est Baggio et Maldini réunis avec une gueule à la Frank Zappa. Et si ce n’est déjà fait je ne saurai trop vous conseiller d’écouter son chef-d’œuvre de 2020, l’album (son troisième) Immensita. Avec ses petites symphonies panthéistes, on touche au sublime, on tutoie les étoiles.
Aujourd’hui le réalisateur Thomas Caillet lui a confié avec bonheur la B.O. De son film Le règne animal et surtout le très goûteux morceau éponyme que je vous laisse savourer :
Jacopo Incani n’a pas encore connu le même succès et pas sûr qu’il le recherche d’ailleurs, tant sa musique est par le plus souvent absconse, pericolosa, l’écouter c’est comme marcher au pied de l’Etna, admirable, mais pas faite pour rassurer. Elle se mérite, mais pour qui voudra bien persévérer y trouvera de véritables pépites.
A 17 ans, il fonde le groupe Adharma (que je viens de découvrir) qu’il quitte huit ans plus tard en 2008 pour voler de ses propres ailes (amochées) sous le pseudo Iosonouncane (je suis un chien) qui annonce la couleur. Plus molosse qui bave, grogne et pue que le toutou à Mamie. Là on a un mélange de Gattuso pour la rugosité avec Pirlo pour la créativité.
Après deux albums abordables La Macarena et Die, il signe Ira, un disque aux tonalités rock et sombres à la lisière de l’expérimentation sonique. Loin de toute fadeur, cette musique, si elle ne vous charme pas éveillera forcément quelque intérêt.
Mais je vous parlais de trésors à dénicher comme ce Prison, pas glop mais ô combien réjouissant :
Cette année il a sorti le disque Jalitah encore plus âpre et hermétique tout en prenant soin de glisser quelques titres plus accessibles comme celui-ci :
Alors cousins Italiens, des émissaires musicaux comme ça vous pouvez nous en envoyer pléthore, ne gardez pas vos joyaux cachés. Encore quelques-uns et on aura une squadra flamboyante. Andiamo !