Des artistes et des mots #3 : Mademoiselle K

 

Par poupimali

La sens-tu ?  Elle te ronge déjà. Elle te tourne autour. Elle t’envahit. Cette colère qui te grignote par petits bouts. Elle et son odeur nauséabonde qui te prend aux tripes, au nez. Elle te file la nausée. Tu luttes…  Mais, ta conscience ne te joue pas de tour. Elle est plus forte que toi. Elle est redoutable. Une fois qu’elle t’a pris dans son giron, que tu la ressens, qu’elle te grimpe dans l’estomac puis la gorge, jusqu’à t’envahir les pensées, il est trop tard.

Un moment de faiblesse, quand tu es perdu. Un peu confus de ce qui se passe pour toi. Tu n’as rien demandé. Tout allait bien. Et la vie se charge de te montrer, de te faire voir, de te faire entendre… ces choses. Des mots. Une phrase. En une phrase, elle s’immisce dans ta tête et te pourrit.

La jalousie.

Peut-elle s’empêcher de te tourner autour ? Et toi, tu ne vois rien.

Tu t’énerves. Elle t’énerve. Ca t’énerve.

Tu voudrais ne rien ressentir, tu voudrais t’en foutre. Faire comme si de rien n’était. Mais tu sens le feu, dans tes joues, dans tes entrailles, dansant, brûlant, te consumant tel le diable rieur. C’est à peine supportable. Sentiment de mauvaise augure qui te vole, te survole. Elle s’immisce dans tes pensées les plus profondes, quand tu dors, quand tu bosses, même quand tu regardes ton écran, abruti devant la télé. Elle te parasite. Une onde sensuelle, électrique, te passe dans le sang. Tu vois rouge. Tu bouillonnes, prêt à exploser. Tu voudrais ne pas y penser… mais elle te ronge bout de chair par bout de chair, sans répit.

Si tu t’écoutais, tu la giflerais, la violenterais. Tu te libérerais, déverserais ta colère sur lui, sur elle. D’un sentiment de fierté, de narcissisme, tu t’imposerais sur ton territoire, sur ce qui, même irrationnellement t’appartient. Qu’elle aille se trémousser ailleurs. Elle et ses cuisses ouvertes… à te minauder, à te plaire, à te susurrer des mots doux…

La raison voudrait qu’elle ne le fasse peut être pas. Surement pas. Que cela ne soit que ton imagination. Débordante. Débordée. Mais les signes, tu les as bien vu. Tu n’as pas rêvé. Et, plus tu es envahi, plus tu la vois partout. Dans les clins d’œil, dans les mots, sur le col de ta chemise, dans la perle de sueur sur ta tempe. Elle est partout. Dégoulinante, colériquement glaçante. Elle te tue à petit feu. Et elle tue ce que tu as de plus précieux.

La jalousie.

Et même si cela ne se fait pas… Même si j’ai raison. Même si j’ai tort. Va t’en ! Crève !

Crève toi et tes sourires. Que cette désagréable sensation finisse par périr avec elle, avec toi. Qu’elle s’efface aussi vite que je t’efface de ma vie.

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