Des Visages Pâles ou des Peaux Rouges, qui sont les sauvages ?

De tout temps, l’homme blanc s’est cru supérieur à tout autre peuple. Nous rappellerons, pour la forme, l’esclavagisme, la colonisation de l’Afrique et le pillage de ses ressources (par la Françafrique notamment), ou de nos jours encore l’asservissement de l’Asie, pour satisfaire nos besoins de consuméristes sans vergogne. De l’autre côté de l’Atlantique, nous ne sommes pas en reste non plus depuis 1492, date à laquelle Christophe Colomb, mais surtout ses patrons, sous prétexte d’évangélisation des « sauvages », procédèrent au génocide progressif des indiens d’Amérique.

Christophe Colomb rencontrant des indigènes.

Evidemment, ce constat ne me fait pas plaisir car, à l’exception de rares coups de soleil et d’un peu de couperose, je suis blanc comme un cul. Je me suis intéressé très jeune à la véritable histoire des « Peaux Rouges », et notamment au travers de mes lectures de Jim Harrison qui passa sa vie et l’essentiel de son œuvre à rétablir des vérités tues par ses compatriotes pâles, menteurs et puritains.

Mais c’est aujourd’hui « Mille femmes blanches », un livre de l’un de ses confrères et amis Jim Fergus, dont je vais vous parler. A la fin du 19eme siècle, afin de favoriser « l’intégration » du peuple indien, le président Grant propose de troquer 1000 femmes blanches contre des chevaux, afin qu’elles épousent et donnent des enfants aux « sauvages », qui grâce à ce métissage forcé, seront plus faciles à amadouer et à évangéliser. Fergus nous emmène de façon romancée au cœur de ce pan de l’histoire cachée des Etats-Unis d’Amérique. Les « heureuses élues » n’eurent évidemment pas le choix puisqu’elles furent toutes des repris de justice ou des aliénées sorties des asiles psychiatriques.
On découvre à travers ce récit, et par l’intermédiaire du journal intime de la narratrice, May Dodd, la vie d’une tribu cheyenne. Passé le choc du dépaysement et du manque de confort au quotidien, on s’aperçoit rapidement que l’existence simple des indiens, proche de la nature et guidée par la survie de la famille, n’est pas si barbare que cela. D’ailleurs, si l’homme pâle ne leur avait pas donné des armes à feu et du whisky, il est probable que la vie des différentes tribus eut été plus paisible. Sans compter les curés pédophiles (et oui déjà à l’époque…) croisés dans ce livre qui ne venaient pas que pour prêcher la bonne parole, en profitant de la soumission de ce peuple et de ses enfants. Et l’on se demande qui sont les sauvages ?

Couple amérindien du XIXe siècle

Ce roman tiré de l’Histoire des indiens d’Amérique est « splendide, puissant et engagé » selon Jim Harrison lui-même. Je ne saurais dire mieux. Là où le peuple blanc s’érige en parangon de vertu, il existe une littérature qui nous remet à notre place. Lisez-la, ça fait un bien fou.

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