Flavien Berger était en concert aux Lendemains qui chantent en ce début de mois.
Flavien Berger a joué sur une scène où le décor consistait en une fabrication artisanale a priori bigarrée d’éléments électroniques où des DEL brillaient. Ce cadre est à l’image de la performance et de la musique de l’artiste, l’éphémère première impression de pococurantisme, accentuée par l’humour pince-sans-rire récurrent, révèle en réalité un travail bluffant de maîtrise et de sérieux.
L’autodérision, c’est peut-être le fait d’atténuer la dimension sérieuse de son art. Il ne s’agit pas de le dénigrer, de le dénaturer ni de lui porter préjudice, plutôt de l’appréhender d’une autre façon et parvenir de fait à un contenu en accord avec sa personnalité. Il serait tout à fait réducteur de considérer la musique de Berger comme un simple divertissement. C’est comme si les mots appelaient les idées, et qu’à l’image de nos volubiles émotions, les chansons oscillent entre l’absurde et le beau.
Une maîtrise totale
Ainsi, sous ses airs de fausse désinvolture, Flavien Berger apparaît comme un artiste au savoir-faire impressionnant. Les chansons ludiques donnent loisir à l’artiste de lorgner le public d’un œil taquin, d’autres plus sérieuses permettent de voyager vers des émotions plus nobles, comme peut-être seule la musique sait le faire. Des morceaux font ponctuellement songer au Alain Bashung période Bergman, d’autres au langoureux Étienne Daho. Si l’on ne peut s’empêcher de penser à ces grands noms de la chanson française, que notre lecteur avisé ne voit ici rien de réducteur, Flavien Berger ne fait pas de recyclage, encore moins de la musique surannée.
Les morceaux live sont réarrangés, la place est laissée à l’improvisation et l’ensemble donne une sensation de maîtrise totale. Les qualités plurielles de Flavien Berger se mettent au service de l’une en particulier, l’interprétation. « Soleillles » me semblait être l’acmé de Dans cent ans, dernier album paru, ballade surréaliste psychédélique (pléonasme ?) sublime. La version de ce 3 juin fut très belle et, personnellement, m’a rappelé qu’aujourd’hui il faut se rendre dans une salle de concert pour entendre de la poésie.
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