La naissance d’un enfant n’est pas qu’un heureux évènement.
Elle est belle, Maria : ce bébé tant attendu et mystérieux. Ce « précieux cadeau » comme l’indique le sous-titre du film. Mais comme toutes les choses de la vie qui nous dépassent, sa présence a un coût et sa mère Derin le paye au prix fort.
Pour son premier long-métrage, le jeune réalisateur Damilola Orimogunje aborde un sujet dur et assez peu évoqué : la dépression post-partum qui, selon une étude, touche environ 10 % des mères après l’accouchement. Une maladie aux racines complexes et profondes, qui affecte Derin de manière insidieuse. Par petites touches, comme on peint un portrait avec délicatesse, le metteur en scène esquisse les contours d’une femme marquée dans sa chair.
Le mari Afolabi (Gabriel Afolayan) tente d’investir l’espace de deuil occupé par son épouse, mais les scènes de liesse familiales viennent contraster avec le combat intérieur de Derin. Avec des séquences souvent courtes et une attention toute particulière aux couleurs, le film nous fait ressentir leur dynamique de couple, avant de déployer leurs sentiments contrastés dans la sphère amicale puis familiale.
For Maria est un coup d’essai maîtrisé qui évoque sans détour mais avec une sensibilité folle ce qu’on ne peut qu’entrevoir quand on n’a pas été mère. En 75 minutes qui ne s’éparpillent jamais, on partage un quotidien à la fois charmant (la séquence du baptême) et déchirant : la salle de bains, qui ramène Derin à son corps et l’épreuve qu’il a subi, est ainsi le théâtre de plusieurs scènes absolument bouleversantes.
Entre Amour et In the Mood for Love, For Maria – Ebun Pataki est un film en état de grâce qui nous guide d’une main tendre mais ferme sur un chemin ardu. Découvert à la NollywoodWeek de Paris, j’espère qu’il trouvera vite le chemin des salles françaises.