Comment dire ? J’aurais pu faire cette chronique bien plus tôt qu’Halloween mais le calendrier impose de la rédiger maintenant. Bien qu’étant fan absolu de Death Metal, je ne porte qu’une oreille aléatoire, mais toujours attentive, au Black Metal. Ce courant, qui ne date pas d’hier, porte haut le flambeau de l’anticonformisme, de l’anarchie la plus totale, de la réfutation de l’espèce humaine : il est juste l’incarnation du mal (musical) absolu.
50 nuances de noir
En 1966, Johnny HALLIDAY chantait l’adaptation de Black Is Black : Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Génie visionnaire ? Euh, non on ne dira pas cela. Si d’un point de vue stylistique, le Black Metal est très proche du mouvement gothique, il n’a absolument rien à voir musicalement (nous le verrons un peu plus tard). En revanche, l’imagerie du genre est résolument sombre, triste, dépressive et portée très souvent sur l’occultisme et les tourments médiévaux qui ont jalonné (ou pas) l’Histoire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les membres des groupes adoptent des pseudonymes souvent ésotériques. Ce n’est clairement pas le monde des Bisounours.
Les origines
Le Black Metal est né dans les années 80’s (tu n’étais même pas né ou alors pré-ado), et ouais. Tout a commencé avec les Anglais de BLACK SABBATH (excellent groupe pourvu d’un guitariste hors pair, Tonny Iomy, et de l’inénarrable Ozzy Osbourne au chant). Avec une musique orientée doom / hard rock associée à une imagerie diabolique (la « fameuse » croix renversée), le ton était donné. Ce premier élan a été conforté par des groupes venus ensuite de toute l’Europe qui ont investi ce nouveau genre tels MERCYFUL FATE, VENOM, HELLHAMER, BATHORY ou encore CELTIC FROST. Pour autant, il ne s’agissait là que de prémices. Le vrai Black Metal vient du Nord de l’Europe, de Norvège pour être précis.
Au Nord, il n’y a pas que les Corons !
Le vrai démarrage prend ses racines avec des formations vikings comme les Norvégiens de MAYHEM (les plus tarés), DARKTHRONE ou encore les Suédois de MARDUK même si des collègues de l’Est de l’Europe s’inscrivent dans la même veine. On peut dire que ça se tire la bourre sévère pour détenir le titre de groupe le plus malsain et MAYHEM l’emporte assez allègrement, à base d’incendies, d’automutilations et autres suicides macabrement mis en scène et exploités à des fins mercantiles et médiatiques.
Bref, on assiste à de nombreuses confrontations de tous genres entre les groupes du Nord et même avec des groupes issus du Death Metal, c’est dire. Les gars sont haineux, ça se sent, ça se voit et surtout ça s’entend.
Mais musicalement, ça donne quoi ?
Il suffirait de coincer un chat dans une porte et de brancher une scie sauteuse, on ne serait pas loin du résultat escompté : un chant hurlé et un son particulièrement crade (voire parfois amateur), typiques du Black Metal. Blague à part, c’est naturellement plus subtil qu’il n’y paraît; mais cela reste beaucoup moins technique que le Death Metal même si d’excellents musiciens officient. On distingue donc plusieurs courants : le Black Metal originel essentiellement porté par les groupes précités, le Black Metal symphonique avec les très bons CARPATHIAN FOREST qui n’hésitent pas à insérer des violons et autres clavecins dans leurs compositions y donnant un caractère plus progressif, le Black Death Metal avec les excellents SUFFERING HOUR et BEHEMOTH, le Black Doom avec les Finlandais de BARATHRUM et enfin le Black Dépressif où là encore nous retrouvons des formations scandinaves comme SHINING.
En règle générale, la structure des morceaux (assez atonale dans l’ensemble) est souvent longue et laisse une place importante aux boucles instrumentales et répétitives. On est très loin des BEATLES, vous l’aurez compris. Le chant se veut plaintif quand il n’est pas hurlé de façon stridente. Enfin, quant à la production, elle est souvent de piètre qualité mais le style le veut, pour plus d’authenticité.
Maintenant, allons droit au but ! On ouvre grand ses oreilles pour profiter d’un panorama sonore qui vous fera traverser les forêts sombres et mystérieuses de la Scandinavie (forcément) avec MARDUK, DARKTHRONE, MAYHEM, CARPATHIAN FOREST, SHINING, les plaines étendues et brouillardeuses des Etats-Unis avec SUFFERING HOUR, la Pologne inquiétante avec BEHEMOTH et enfin (cocorico !!!) la France avec les très bons et influents DEATHSPELL OMEGA.
MARDUK The Blonde Beast
DARKTHRONE Transilvanian Hunger
MAYHEM Funeral Fog
CARPATHIAN FORESTThe Beast In The Man: The origin Of Sin
SUFFERING HOUR The Abrasive Black Dust
SHINING Fortvivlan Min Arvedel
Hank
C’est audacieux d’associer Black Sabbath au Black Metal !
Certes, en les considérant comme les pères du Metal, tu peux leur attribuer tout ce qui a été composé par la suite, mais il s’est tout de même écoulé quelques décennies entre le premier opus du Sab, le « Black Metal » de Venom et l’émergence du Black en Scandinavie. On pourrait donc supposer que le Black se pense comme un rejet de ce qui précède et non comme une continuité.
Quant à la production de piètre qualité, c’est surtout vrai sur les premiers opus des années 80, ce qui s’explique non pas une intention de faire des prod pourries, mais par le fait que les gars produisaient les disques dans leur garage avec du matos de merde.
PlayItLoud!
Bonjour Hank.
Merci pour ton commentaire. Vaste débat et vaste sujet ! Black Sabbath a été considéré comme l’un des premiers groupes Heavy Metal avec l’imagerie qui y est associée. Je te rejoins complètement sur les écarts entre les différentes vagues et tendances et sur les productions des 80’s/90’s. On observe la même chose dans le courant Death Metal. Quand tu écoutes les démos de Mantas (futur Death) et Spiritual Healing de Death par exemple, en à peine quelques années, tout a changé et c’était pourtant toujours Chuck Shuldiner aux compos. J’écoutais hier encore Darkthrone avec Transilvanian Hunger (1994) et Old Star (2019). Le son a évolué heureusement (ou pas). Le principal étant que la musique te prenne aux tripes. Bonne journée !
PlayItLoud!