Hamilton : la sensation de Broadway vaut-elle une révolution ?

Le 4 juillet, c’était Independence Day : la comédie musicale phénomène débarquait enfin chez nous, en streaming.

Difficile de mesurer en France l’impact de Hamilton. Présenté en off début 2015, le musical débarque sur les grandes salles de Broadway la même année, pour un succès jamais démenti depuis. Le prix des places s’envole, Obama rigole et se plaint de ne pas pouvoir en obtenir. Il invitera plus tard la troupe à la Maison Blanche. Le show récolte un record de 16 nominations aux Tony Awards (les Oscars du théâtre US), puis dépasse le milliard de dollars de recettes.

Mais qui est Hamilton ?

Alexander Hamilton est le premier Secrétaire du Trésor des Etats-Unis, le bras droit de George Washington et l’un des pères fondateurs, ceux qui ont participé à la rédaction de la Constitution. On le retrouve ainsi sur les billets de 10$.

Son opposition avec Jefferson, sa prose et sa fin tragique font de lui une figure dramatique intéressante. Mais ce qui fera la différence dans cette transposition théâtrale est l’approche choisie par son auteur-compositeur-interprète principal Lin-Manuel Miranda.

Le casting, déjà, mêle les origines. Il y a quelque chose de rafraîchissant à voir, par exemple, le marquis de Lafayette en personnage totalement badass sous les traits de Daveed Diggs (héros de la série Snowpiercer sur Netflix).

La pièce est intégralement chantée/rappée/slamée. On est dans un mélange de hip hop et de puissance vocale assez inédit. Bref, c’est pas l’Assasymphonie. Et c’est ce qui a conquis, à mon sens, un public plus jeune et fait la popularité historique du spectacle.

OK, mais du coup, c’est bien ?

Si vous avez regardé la vidéo ci-dessus en entier sans sourciller, alors vous avez des chances d’être réceptif. En effet, la France est un pays historiquement frileux au musical. Souvenez-vous des Misérables : son adaptation cinéma en 2012 avec Anne Hathaway et Hugh Jackman a été un carton dans le monde entier, rapportant 3 Oscars et un demi-milliard de dollars, … sauf en France où le film a échoué à seulement 200 000 entrées et environ 17 millions de dollars.

Même si on a eu Starmania, puis une vague variété-pop dans les années 2000, notre pays résiste encore et toujours. Et pas sûr que Hamilton change la donne.

Les poils, puis l’ennui poli

La première demi-heure enchaîne les morceaux de bravoure : « Alexander Hamilton », « My Shot », « The Schuyler Sisters »… Il n’y a que les Américains pour faire ça, avec autant de talent et d’allant. Quand les choeurs s’emballent, ça donne des frissons. On rit aussi avec le « You’ll Be Back » du roi George III (joué par Jonathan Groff de Mindhunter). Le monarque apparaît en gros bébé qui fait une colère car ses colonies l’ont fui. Et puis, paradoxalement, le rythme s’épuise tandis que les tableaux s’enchaînent.

C’est que 2h30, c’est long, même devant son petit écran. Les mélodies deviennent monotones ; on dirait un long épisode de Epic Rap Battles of History. Quand arrive le beau final (« Who Lives, Who Dies, Who Tells Your Story »), j’ai déjà décroché. Le travail effectué par Miranda reste impressionnant, et certains analysent très bien ses références et sa mécanique de composition. Mais Alexander aura forcé mon respect, à défaut de ma curiosité.

Hamilton est disponible sur Disney+.

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