Nick Cave est de retour avec l’album live Idiot Prayer. Pas de Bad Seeds cette fois, Nick est seul avec son piano au sein de l’Alexandra Palace.
Le premier confinement a eu notamment pour effet négatif de reporter les dates de Nick Cave en France. Il était toutefois possible moyennant finance d’assister à une prestation du bonhomme sur l’internet pour un visionnage unique. On aurait pu s’arrêter là mais ce concert est désormais un disque dont la sortie s’aligne avec, hasard ou non, un nouveau confinement.
Si la prestation solo peut de temps à autre laisser entrevoir des désirs mégalomanes, on ne peut qu’admirer Cave se mettre encore plus à nu que d’habitude (qui pensait cela possible ?). Se rendre à un concert c’est accepter l’invitation d’un artiste à découvrir son univers. Ici, on a l’impression de perturber un moment d’intimité, comme si écouter ces morceaux était une attitude intrusive. Mais on ne reste pas mal à l’aise très longtemps, parce qu’on mesure la chance qu’on a d’avoir ces chansons à disposition.
Sachez qu’on ne peut qu’être dithyrambique avec cette nouvelle galette.
Pas moins. Les poils se dressent sur les bras au rythme des accords de piano et des syllabes prononcées. Nick raconte des histoires comme personne et ses mots font immédiatement écho à nos passions. C’est beau, c’est triste, fréquemment les deux en même temps. On a envie de remettre le morceau qui vient de finir pour prolonger les émotions qu’il procure mais la curiosité de ce qui reste à venir prend le dessus.
Ce n’est pas simplement l’enregistrement de Nick Cave qui joue du piano dans un endroit qui a de la gueule. Oh non, on a affaire à quelque chose de bien plus intense. Il s’agit de l’esseulé Nick Cave, armé uniquement d’un pauvre piano, face au monde entier, face aux contingences de la vie. Il chante les belles choses, souvent les plus horribles, et plonge l’auditeur dans un état cathartique, seul face à lui-même et donc terriblement démuni. Dans ces moments, le monde pourrait bien s’écrouler que ça n’aurait pas la moindre importance. On ne le remarquerait même pas, à être trop concentré sur cette voix et ce piano.