Le duo démoniaque invoque son esprit hardcore dans un album dégoulinant.
8 titres punk avec du fuzz bien gras, c’est ce que vous offre le groupe niortais. Et quand ça se termine avec la chanson “More”, eh bien on en veut encore. Evil Drop est né fin 2019, quand la section rythmique des Rad Diggerz a pris son indépendance. Batterie et basse qui oscillent entre punk rock et stoner, c’est la combinaison infernale de Fabrice & Aurélien.
Après une année 2020 pas idéale pour les concerts (euphémisme), les deux compères ont pris leur mal en patience, sorti un premier EP/démo et peaufiné leur énergie dévastatrice qui n’attend que vos oreilles pour se déployer. C’est que la liqueur Evil Drop ne suit pas une recette, c’est un mélange d’enthousiasme brut avec une musique souterraine qui emporte tout. Vous avez peut-être eu la chance de les expérimenter lors du Rise&Fall, notre festival des musiques “très amplifiées”, le plus grand de France consacré au métal/punk/rock (1 mois, 20 salles, 60 groupes). Voici enfin leur premier LP : à l’occasion de sa release party la semaine dernière, j’ai discuté avec Evil Drop pour mon plus grand plaisir et, je l’espère, le vôtre aussi.
AOW : Comment s’est passée la préparation de l’album ?
Evil Drop : La préparation s’est faite pendant quelques mois dans les studios du quartier de Saint-Florent et à la maison. Les compos étaient déjà prêtes en fait. Il s’agissait surtout d’arrêter les détails de structure, de se fixer niveau tempo et d’arrêter certaines paroles.
On voulait rester dans une esthétique brute, assez proche du live.
AOW : Vous aviez hâte de retrouver les studios ?
Evil Drop : Faut avouer, le studio c’est pas forcément ce qu’on préfère. Comme on a enregistré en pleine canicule, ça n’a pas non plus été une partie de plaisir de ce point de vue. Mais ça reste intéressant de se poser et d’avoir des moments de réflexion sur ce qu’on produit. On ne prend pas forcément ce temps lors de la compo ou du live, où on cherche plus à trouver une voie qu’à savoir comment l’emprunter.
AOW : Comment avez-vous décidé la track list ? J’ai l’impression que votre travail est assez collaboratif.
Evil Drop : On a fait une live session filmée avec le Camji en Avril 2021, super expérience ! Une vraie fenêtre de respiration pendant une de ces périodes de confinement. Après, pour la track list, on n’a pas bossé sur des répétitions filmées mais on a demandé l’avis de pas mal de monde. On a aussi profité d’une répétition publique lors du festival Rise and Fall de novembre dernier pour demander l’avis du public sur leurs titres favoris parmi ceux du LP. On en a dégagé certains titres et ça a un peu guidé la track list ,mais ça reste un exercice assez particulier. Toujours dans cette idée d’une esthétique plutôt minimaliste, on enchaîne des propos simples qu’on espère pas trop simplistes, pour provoquer de l’émotion, de la réaction.
On n’est pas sur un album concept où une logique du propos viendrait guider un ordre.
AOW : Anglais, français… ça change quoi de passer d’une langue à l’autre ? Je pense à “Crève”, qui est selon moi d’autant plus intense qu’elle est jouée dans la langue de Molière.
Evil Drop : Pour nous, ça ne change pas grand chose de chanter en français ou en anglais. Ce qui change beaucoup, c’est le poids que prend le propos dans la chanson.
En France, on a une tradition “chanson française” où la parole, le discours, prend la plupart du temps le pas sur le reste. Dans les pays anglo-saxons, ce n’est pas forcément le cas.
Quand tu chantes en français, tu sais très bien que les gens vont prêter attention aux paroles, là où quand tu chantes en anglais bah… au mieux, le public retient le titre et l’idée. En terme d’écriture, ça change pas vraiment pourtant… On part quasi tout le temps de la musique, après les mots arrivent et le propos s’y associe. Il se trouve que les mots peuvent arriver en français ou en anglais. J’imagine qu’en maitrisant mieux d’autres langues, ils pourraient arriver en espagnol ou en allemand mais notre style musical est tellement façonné par la culture anglo-saxonne que je pense qu’en effet l’anglais arrive bien plus souvent que le français. Encore une fois, on n’est pas forcément dans une réflexion mais bien plutôt dans une expression.
AOW : Enfin, à quoi peut-on s’attendre en allant à un concert d’Evil Drop ?
Evil Drop : À une expérience. En tout cas c’est comme ça qu’on l’espère. Expérience sonore déjà car c’est relativement fort, c’est plutôt brut et un chouïa agressif. Expérience de partage aussi, car on essaie de ne pas être dans une représentation statique qui consiste à balancer tous les morceaux et se barrer. C’est quelque chose qu’on cherche à développer, à mettre en avant. L’idée c’est que, musicalement, ça peut ne pas te plaire mais qu’à minima tu passes un bon moment malgré tout.