Isabelle Sorente : « La femme et l’oiseau »

Ce mois de janvier voit la parution de « La femme et l’oiseau », neuvième roman de Isabelle Sorente, aux éditions Folio. Il nous transporte dans les existences entremêlées d’un ancien prisonnier de guerre hanté par son passé, d’une femme active et dynamique qui s’oublie et oublie les siens, et de la fille de cette dernière, surdouée et en quête d’identité. Ce livre est un document qui nous plonge dans les méandres de la vie des « malgré nous », les oubliés de l’Histoire avec un grand H ; c’est aussi un hymne à l’amour ainsi qu’une jolie passerelle enjambant le présumé fossé des générations.

Isabelle Sorente

Isabelle Sorente a vécu plusieurs vies. Scientifique avertie et Polytechnicienne, elle a également suivi les fameux cours Florent. Puis, elle est entrée dans le Corps de l’aviation civile, y a passé son brevet de pilote privé et s’est essayée à la voltige aérienne. Et comme il lui restait un peu de temps et d’énergie, elle s’est mise à écrire. Son premier roman (« L » sorti en 2002 aux éditions J’ai Lu) a connu un succès indéniable, ce qui l’a incité à poursuivre sa carrière sur la voie de l’écriture. Et c’est une bonne chose pour nous lecteurs. Cela nous permet aujourd’hui de faire la connaissance de Thomas, d’Elisabeth et de Vina, les personnages principaux de « La femme et l’oiseau ».

Thomas

Thomas est un alsacien de 91 ans qui a vécu la seconde guerre mondiale dans des conditions effroyables. Enrôlés de force dans l’armée allemande, son grand frère et lui sont ensuite faits prisonniers par les russes dans l’enfer du camp de Tambov. Thomas y connaitra le travail forcé, la dénutrition, la corvée des morts, le décès de son frère. Mais à la même époque et grâce à la méditation, il découvrira les liens particuliers qu’il entretient de manière innée avec les arbres et les faucons. Il tombera aussi amoureux d’une jeune et belle Mongole, laquelle l’aidera à tenir le coup et à rester en vie.

Elisabeth

Elisabeth est la petite nièce de Thomas, c’est-à-dire la petite fille du défunt frère de celui-ci (oui, moi aussi parfois je m’y perds). Son mari et elle, ne pouvant pas avoir naturellement d’enfant, ont « loué » le ventre d’une jeune indienne pour donner naissance à leur fille Vina. Mais à la mort subite et inattendue de son époux, Elisabeth se lance corps et âme dans le travail, tous les jours de la semaine mais aussi le week-end. Elle anesthésie sa douleur indicible dans sa société « Non-Fiction productions ». Jusqu’à oublier de vivre, de s’épanouir en tant que femme et en tant que mère.

Vina

Vina est donc la petite-petite nièce de Thomas (ça va, vous suivez toujours ?) et la fille d’Elisabeth. Elève surdouée de 14 ans ayant sauté des classes, elle est exclue du lycée après avoir menacé un camarade avec un cutter. Perturbée par l’adolescence, par l’histoire de sa naissance, mais aussi par sa découverte de l’amour, Vina est perdue. Sa vie est devenue un labyrinthe dans lequel elle se démène pour retrouver la sortie, malgré les trahisons de ses ami(e)s. Sa tristesse prédomine sur tous ses autres sentiments, en alternance avec sa colère.

Faucon Gerfaut
Celui dont Isabelle Sorente a fait son 4ème personnage principal : le Faucon Gerfaut

Tout ce petit monde se retrouve pendant quelques semaines chez Thomas. Perdue au milieu d’une forêt vosgienne, sa demeure est un endroit propice à l’introspection et à la découverte des secrets de leur filiation. Chacun va y apprendre les tourments qui chavirent le cœur des autres. Ensemble, ils vont tâcher de soulager la noirceur qui semble s’être installée dans la famille. Et notamment, Thomas va se rapprocher de Vina et lui enseigner la méditation grâce à la communication par l’esprit entre les faucons et l’être humain.

Isabelle Sorente signe ici un roman extrêmement dense et intense. Il est tout à la fois un document historique, une plongée dans l’adolescence, un appel à la méditation et une ode à la transmission. Avec une écriture sensible et poignante, elle nous invite dans l’intimité d’une famille meurtrie dont la guérison passe par une plongée dans un passé qui, pour chacun, est douloureux. On ne sort pas indemne d’une telle lecture, mais même si l’on est chamboulé, on y apprend que la force de la pensée est une évasion vers l’espoir. Et ce, quelque soit notre propre histoire.

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