C’est la blague ciné de l’année: comment un énième prequel DC est devenu un fleuron du cinéma d’auteur international.
Pas grand monde attendait Joker au tournant. Le projet s’enlisait depuis des années, et Joaquin Phoenix lui-même semblait se moquer des rumeurs annonçant son casting. Après un Justice League dont pas grand monde se souvient et un Suicide Squad qu’on a tout fait pour oublier, l’avenir de DC sur grand écran n’était pas des plus radieux. Heureusement que le succès surprise de Wonder Woman était venu lui remettre un coup de fouet.
D’autant plus que son éternel rival Marvel semble indétrônable depuis une bonne décennie. Rien que cette année, il se voit auréolé d’une nomination à l’Oscar du meilleur film pour Black Panther (et 3 autres statuettes à la clé), ainsi que du titre de plus gros succès de tous les temps (pour le maxi best of big mac Avengers: Endgame).
Mais c’était sans compter sur Todd Phillips, le réalisateur de la trilogie Very Bad Trip et co-scénariste de Borat. Lui qu’on disait abonné aux comédies change d’abord de braquet avec le thriller War Dogs. Puis présente chez Warner un projet à la Scorsese qui remonte les traces de l’homme qui rit. L’ambition du projet n’a d’égale que le secret qui entoure son tournage. Jusqu’à ce que la nouvelle tombe: le film ira à Venise, le plus ancien festival de ciné au monde. Et pas seulement en séance de prestige comme A Star is Born l’an dernier. Joker entre dans la compétition. Le buzz enfle, mais après tout, que peut l’ennemi juré de Batman face aux nouveaux films de Roman Polanski, Steven Soderbergh, James Gray, Olivier Assayas, Hirokazu Kore-eda, … ?
Rira bien qui rira le dernier
Je n’aime rien tant que me gausser des opinions toutes faites, du genre « je n’aurais jamais cru que X était capable de Y ! » De fait, le Lion d’Or attribué à Joker par un jury a priori pas du tout acquis à la cause des majors US en démonte plus d’une: un film « de festival » peut être un blockbuster, un réal « de comédies » peut avoir tout compris à l’ironie de la noirceur humaine, un studio peut produire une oeuvre esthétiquement et culturellement remarquable…
Tandis que Disney/Marvel court toujours après son premier Oscar du meilleur film, on se (re)fait la bande-annonce de l’anti-héros de Gotham, qui a déjà mis le Vieux Continent à ses pieds… en attendant Hollywood ?