Julien Aoufi, le métronome frenchie dans le vaisseau M83

 

On a posé quelques questions à Julien Aoufi, l’excellent batteur de “Bruit” et actuellement de “M83”. Le groupe est actuellement en tournée aux Etats-Unis l’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur lui et ce métier de batteur.

Salut Julien, peux tu te présenter en quelques lignes ?

Julien Aoufi: Et bien moi c’est Julien, 31 ans maintenant. Je viens du Tarn, d’origine algérienne de part mon grand père paternel. Je suis musicien, batteur actuel de “Bruit” et de “M83“. Actuellement aux USA en pleine tournée américaine avec “M83“.

Quelle est ta formation et depuis quand tu officies derrière les futs ? 

J: Ma formation, c’est l’école de la vie, de la passion, je n’ai pas suivi de cours particuliers. J’ai fait 6 mois à “Music Halle” à Toulouse je dirais pas plus. L’école m’a toujours un peu dérangé, enfermé. J’ai besoin de liberté pour pouvoir m’exprimer. Alors, j’ai appris en écoutant beaucoup beaucoup de musique, toujours encore, de toutes sortes, de tout genre. Je viens bien sur du rock, j’avais 10 ans à l’époque, donc le rock, je l’ai arpenté de long en large. Je le connais bien. J’essaye toujours de sortir de ma zone de confort et me faire un peu violence pour apprendre et développer des techniques, je pense que c’est la meilleure façon de faire. Donc depuis un certain moment maintenant, c’est le jazz qui passe dans mes poignets. Il faut accepter l’échec et bosser.

Julien Aoufi

Tu as joué dans des groupes / artistes comme “She hunts koalas”, “Cali”, “Bruit” et aujourd’hui “M83”.
Comment est ce qu’on passe d’un style à l’autre ? 

J: Tu as cité des noms mais tu en as oublié. Je ne peux pas ne pas citer “Horstgraben” qui a été le groupe qu’on a monté avec mes meilleurs potes. Un groupe monté avec le cœur et joué avec la rage. Tu peux trouver ça sur Bandcamp. Ça a 6 ans, je crois, ça passe tellement vite, mais ça a été une phase marquante de ma vie.
Pour répondre à ta question, changer de style. Tu écoutes beaucoup de musiques, tu travailles ton oreille, ton jeu évolue, tu grandis tout simplement. Ceux qui restent bloqués dans un style depuis 20 ans n’ont rien compris. Il y a tellement de choses intéressantes dans la musique… Ce serait dommage de ne pas pouvoir y jeter une oreille. C’est ma vision des choses en tout cas.

 

Avec “Bruit” vous avez fait la sensation indé ces deux dernières années, comment as-tu travaillé ton son de batterie et comment sais tu quand c’est la bonne tourne pour tel ou tel morceau ?

J: Mon son de batterie, Clément Libes (NDLR: entre autres: basse /violon/claviers pour “Bruit“) me fait confiance la dessus. Il sait que je sais accorder une batterie. D’autant plus que c’est moi qui fabrique mes propres drums. Donc le son y est pour beaucoup de base. Elles sont racées. Très précises et elles peuvent diffuser une telle puissance sonore qu’on n’aurait pas avec le bois (je fabrique mes batteries en acier).
Ensuite Clément est quelqu’un de talentueux, c’est son job, il mixe mes drums. Il adore ça et il le fait super bien.
Pour les tournées, je joue au feeling, j’écoute la proposition et directement quelque chose me vient. A force d’écouter plein de choses différentes, ton oreille et ton cerveau assimilent des choses et instinctivement, tu arrives à sortir des plans, faire un mélange de styles différents etc… Mais ouais carrément c’est du feeling. Ça vient comme ça. Ça plait tant mieux (je croise les doigts, la plupart du temps, c’est le cas), ci ce n’est pas le cas j’ai toujours d’autres propositions dans mon sac.

 

Revenons à l’actu directe, tu es donc à la batterie pour Anthony Gonzalez aka “M83” avec tes acolytes de “Bruit” d’ailleurs, Théo et Clément.
Comment s’est passée la rencontre ?

J: C’est tout simple, via Instagram. Il a entendu parlé de nous et il est tombé amoureux de notre son. On a échangé longuement, puis un jour il nous a fait une proposition qu’on ne pouvait pas refuser tu imagines bien.

J’imagine la surprise lorsqu’il vous a contacté. C’était un rêve de gosse ?

J: Clairement un rêve de gosse. Ma génération, on a tous écouté les premiers “M83” et le reste. On a tous chialé sur “Outro“, “Wait” (Album “Hurry up we’re dreaming“) ou passé des bons moments avec les potes. Alors maintenant jouer tout ça en live c’est une fierté, comme si une toute petite boucle s’était bouclée. Mais il y a encore énormément de choses que j’aimerais accomplir.

Coté travail, comment s’est passée la pré-tournée ? Comment avec vous travaillé tous ensemble ?

J: On s’est tous retrouvé à Los Angeles chez Anthony pour 3 semaines, répéter le répertoire et monter tout ça. Puis 2 semaines de résidence à “ThirdEncore“, un endroit où tous les groupes font leur résidence. Un lieu assez fou où je te laisse imaginer qui a pu passer par là.

Julien Aoufi

Est-ce que tu as pu apporté ta propre patte ? Ou au contraire, c’est très scolaire “on colle au disque” ?

J: Anthony savait qu’en faisant appel à nous, c’était pour créer quelque chose de nouveau. Donc oui, j’ai bel et bien apporté ma signature au projet, tout le monde d’ailleurs. C’était le but. Le nouvel album, on le respecte au maximum pour tout le reste, c’est la récréation.

Quel regard tu as sur le fait que maintenant, tu es dans un groupe mondialement connu ? C’est un peu flippant ?

J: Non du tout, dans ma tête, je suis en train de jouer avec des humains comme toi et moi. Pas de pression inutile, ce serait dommage. Tout est fluide et léger. Comme je t’ai dis, j’ai d’autres projets à accomplir.

La tournée, qui a déjà bien commencé, est assez dingue en terme de dates et de lieux. Est-ce qu’il y en a certaines qui te tiennent plus à coeur ?

J: La tournée est monstrueuse ! Aux USA voir Chicago, New-York, Philadelphie, Nashville, Portland, San Francisco, Seattle d’ailleurs on a un rendez vous avec KEXP (la fameuse radio de Seattle). Puis au Canada, Montréal, Toronto… Déjà tout ça c’est grandiose. Mais jouer devant ma famille à Toulouse ça va être quelque chose je crois. C’est con mais…

Est ce que tu peux nous raconter une anecdote de tournée ? 

J: Une énorme envie de pisser en plein milieu d’un show… Impossible de quitter ma place, je te laisse imaginer la suite. ahahah.

Tu as une marque de fabrique à l’instar de Travis Barker (NDLR: batteur pour “Blink 182”) tu es souvent torse nu sur scène.
Tu nous expliques ?

J: Ah…Ouais. Quand j’avais 10 ans j’aimais Travis Barker. Mais là rien à voir c’est plus une question de pratique, et je me sens tellement libre comme ça quand je joue. C’est une sensation indescriptible. Tu sais la batterie c’est surement l’instrument le plus primitif, le premier instrument, la percussion. Alors je trouve que ça a du sens aussi en même temps. Se sentir libre de s’exprimer.

Julien Aoufi

Peux tu rassurer les fans de “Bruit” que l’histoire n’est pas pour autant terminée ?

J: Les fans de “Bruit” sont au courant, on a bien prévenu tout le monde sur les réseaux. Nous sommes sur l’écriture du prochain album. La sortie, nous ne la connaissons bien évidemment pas. C’est bien trop tôt.

Un dernier mot ?

J: Un dernier mot, merci à tous ceux qui me soutiennent, à ma famille. Je suis fier de les représenter sur chaque date. Parce qu’il y a un morceau de chacun d’eux en moi. J’ai grandi avec ces gens proches alors je les remercie. Je suis aussi fier de défendre l’album et les morceaux de “M83” sur scène, c’est un plaisir immense. Merci à toi aussi.

 

Pour suivre Julien Aoufi c’est par ici:

Dernier disque de “M83“: “Fantasy”

Derniers disques de “Bruit“: “Apologie du temps perdu vol.1” et “The machine is Burning and nos everyone knows it could happen again”

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