King Gizzard & the Lizard Wizard à la Route du Rock 2023

(Un récit en complément du live-report journalier de l’excellent Nemo)

Alors KG & LW apparaît enfin sur la grande scène du Fort Saint-Père, à minuit-dix tapantes ce vendredi 18 août 2023.

Minuit dix ? « une fois je me suis couché à minuit dix, bonjour comment j’étais fatigué !». (Je me dis que les boomers auront la réf.)

Car, confession d’un homme au crépuscule de sa vie – que voulez vous : j’ai 36 ans – habituellement, je suis couché depuis longtemps à cette heure-là. Mais l’amour du rock’n’roll, de la musique live et de l’information en temps réel exigent beaucoup d’abnégation, et je suis prêt à sacrifier pour vous une partie de mon sacro-saint sommeil dans l’unique but d’assurer mon devoir de chroniqueur en bravant les pires conditions. Ce sens de l’engagement m’honore, il me semble.

C’est d’ailleurs en substance ce que confirme Stuart « Stu » Mackenzie, qui en saluant le public à son entrée sur scène, se fend d’un « Merci d’être resté si tard pour nous », ou enfin quelque chose dans le genre. (EDIT du 28/08/23 : en fait c’est pas Stu, c’est Joey)route du rock 2023Le « Sire Gésier et le Saurien Sorcier » (la traduction est de moi, je crois que ça se sent), fort de ses 24 albums en un peu plus de 10 ans, va pouvoir allègrement piocher dans son répertoire psyché, prog, kraut, jazz, pop, heavy, boogie etc. pour concocter un show que j’attends avec impatience.

L’avantage avec ce groupe, c’est que vous pouvez aller les voir dix jours de suite, vous aurez dix setlists différentes. On attend les bootlegs.

Ce soir, le combo australien a décidé de démarrer le set de façon ouatée par the Dripping Tap et son intro soul avec Ambrose Kenny-Smith au chant ; premier titre du set et de l’album Omnium Gatherum, le morceau prend subitement un virage hard rock avec son gros riff qui lance vraiment les hostilités et serpentera magnifiquement vers différentes contrées du rock pendant un bon quart d’heure. De quoi te poser des bases solides pour une ambiance magique.

Vêtu d’une simple salopette courte en jean (façon Angus Young ?), Stu ne tient pas en place et bondit dans tous les sens, et ça fait plaisir de le voir comme ça quand on sait que leur venue en 2022 avait dû être annulée pour raison de santé.Le groupe enchaîne et temporise un peu avec Iron Lung façon club de jazz (Ambrose et son sax !), mais bien vite le titre s’emballe sur les rythmes quasi ferroviaires de la batterie et de la basse, et les nombreux effets de guitare.

On passe aux choses sérieuses lorsque la bande entame le fameux gimmick de l’album Nonagon Infinity pour un Evil Death Roll psyché et heavy dantesque. Le groupe semble prendre un malin plaisir à étirer à l’infini le break pour la plus grande frustration (agréable et consentie, certes) du public présent, jusqu’au décompte One-Two-Three-Four ! qui vient enfin libérer les tensions de l’audience en même temps que les riffs endiablés.

Un peu de répit, on entame une session funky avec le groove magique de l’excellente Ice V dont on ne voit pas passer les quelques dix minutes.

Nouveau titre. Le mec à côté de moi, certain de lui, crie « c’est Shanghai ! », ça lui passera il est jeune ; en fait c’est le très doux Magenta Mountain et ses synthés effectivement un peu « orientalisants », je le lui concède. C’est le moment « calme et doux » de la soirée, profitez-en.

Puis Stu remplace sa guitare par une flûte traversière (oui) et Ambrose passe sur le devant de la scène pour kicker comme jamais sur un morceau presque hip-hop (oui oui) intitulé the Grim Reaper. Extrêmement plaisant à voir en live !

On approche déjà de la dernière ligne droite et le groupe négocie parfaitement son dernier virage Thrash metal / stoner avec deux titres de l’album Infest the rat’s nest. Le public est vite conquis par les déluge de riffs dès les premières notes de Mars for the rich suivi de Planet B.Le concert s’achève dans le même registre musical sur deux titres du dernier album dont je vous fait grâce du nom à rallonge, et tout d’abord Supercell avec de superbes riffs de Joey sur sa flying V. Ambiance dingue, ça saute, ça crie, ça headbangue et ça cornes-du-diable-avec-les-doigts en masse.

Puis le concert se termine en apothéose par un Gila Monster du plus bel effet, qui réveille définitivement « la bête qui dans mon âme est tapie ». La communion est superbe avec le public en transe qui hurle en chœur le refrain : GILA ! GILA ! GILA !

Merci et bonsoir, fin du show. Un régal qui est passé trop vite.Total 1H30 de set, durée très appréciable pour un concert de festoche. Il faut se satisfaire de ce qu’on a, même si je n’aurais pas craché pas sur un rappel tant leur répertoire est riche; mais c’est la loi implacable des festivals et leurs horaires millimétrés…

 

M à j du 28/08/23 : le concert a été filmé en intégralité, il est dispo sur la chaîne Youtube Arte Concert !

Les membres du groupe :

Stu Mackenzie : chant, guitare, flûte, claviers

Ambrose Kenny-Smith : chant, harmonica, saxo, claviers, synthétiseur, percussions

Joey Walker : guitare, claviers, synthétiseur, chant

Cook Craig : guitare, synthétiseur, basse, chant

Lucas Skinner : basse, claviers

Michael Cavanagh : batterie, percussions

Et merci à la comtesse aux pieds nus pour les photos du concert.

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