J’ai longuement hésité à faire un billet sur les attentats du 13 novembre mais plus le weekend avançait, plus je réalisais que ces mots jetés sur le clavier seraient nécessaires. Pas pour exorciser, pas pour oublier, pas pour proposer des solutions et pas pour crier vengeance. Mais juste pour exprimer ce que j’ai sur le cœur. J’ai de la chance, je n’ai perdu aucun proche dans ces tueries. Mais je vois la peine de mes amis qui ont été atteints, qui ont perdu des amis, des frères, des parents. Et la peur. De quoi demain sera fait? Le monde a-t-il changé ce vendredi 13?
Je repense aussi à ce lundi de septembre 2001 où le monde a déjà basculé une première fois. Et aux jours qui ont suivi. A nos questions, nos doutes, les réponses brutales adoptées par les Etats-Unis, qui n’ont pas vraiment rendu le monde plus sûr….
Aujourd’hui, j’ai une boule au ventre, j’ai besoin de tendresse, je regarde mes enfants, innocents, qui n’ont heureusement pas encore l’âge auquel il faudrait leur expliquer. Trouver des mots. Je les serre contre moi pour leur montrer à quel point je les aime, les rassurer, avoir un contact. J’ai comme la gueule de bois, une espèce de déprime sourde, envie de pleurer.
Chacun panse ses plaies à sa façon. Changer sa photo sur facebook, poster, partager. Des messages, des photos, quelques fake. Des intentions ou des souhaits pour l’avenir. Un ton parfois martial qui me dérange. Je ne suis pas un soldat, je ne suis pas un politicien, je ne suis pas un intellectuel, je ne suis pas un artiste.
Je ne pense pas qu’on règle tous les problèmes à coup de frappes aériennes, de prières et de bulletins de vote. Je pense que lorsqu’on tue des journalistes, lorsqu’on massacre les spectateurs d’un concert, on tue la culture, on tue l’intelligence. Et c’est pour m’élever contre cela que je suis là ce soir, avec mon clavier. Continuons à aimer la musique, continuons à aller à des concerts, pour donner aux artistes les moyens de continuer à chanter, de dire les choses à notre place, avec leurs mots. Plus justes, plus poétiques, plus forts…continuons à aimer toutes les musiques. Faisons de la culture un rempart contre la barbarie. Au mieux elle empêchera certains enfants de basculer du côté obscur. Et sinon elle nous permettra à nous de profiter plus allègrement de la vie. D’aimer et de partager.
Je finis avec une très belle oeuvre que mon ami Jo Riou a créé la nuit dernière…comme moi, Jo a trouvé dans la création le remède à sa peine, à sa peur.