A l’origine, un tube musical fait référence au cylindre rotatif sur lequel étaient enregistrés les morceaux populaires à l’aide d’un phonographe. Qu’ils soient des succès sans lendemain ou qu’ils lancent la carrière des artistes, ces titres marquent notre culture parce qu’ils nous racontent des histoires. C’est encore mieux lorsque les tubes s’accompagnent de vidéoclips originaux. Chaque semaine, Le Tube Whisky vous raconte l’une de ces stories, tous genres musicaux confondus.
Cette semaine, j’ai choisi pour vous Cold War de Janelle Monae, une chanson up-tempo (aux accents de Drum’n’Bass) entre Neo Soul et Afro-Funk :
J’ai bien évidemment choisi ce titre pour son clip (une nouvelle fois), un clip qui prouve que les choses les plus simples sont parfois les plus efficaces et les plus « belles ». Dans tous les cas, nous sommes submergés par une émotion intense en regardant cette prouesse artistique, calquant mystérieusement notre réaction en fonction des émotions que laisse transparaître Janelle Monae.
Réalisée par Wendy Morgan dans un sanatorium, cette vidéo est un véritable « one shot« . Comprenez : le clip a été tourné/monté en une prise, ce rush faisant également office de plan séquence. Filmée en gros plan devant un mur noir, la sublime Janelle réagit aux paroles, et cela au fur et à mesure que la chanson progresse. Aussi, Monae sourit, grimace, manifeste sa colère puis finit par verser des larmes… En un battement de cil, la chanteuse passe de la gaité à la tristesse de manière spontanée. Face caméra, Monae joue tout ceci divinement bien ; en s’appuyant notamment sur un timbre de voix à la fois mélodieux et à la puissance rageuse. C’est là un chant introspectif de lutte où Janelle résiste (aux émotions qui la submergent) afin d’aller au bout d’une épreuve de force.
Qualifiée par l’artiste elle-même « d’image émotion« , cette vidéo a reçu des critiques élogieuses. On pense notamment à Katie Hasty pour HitFix qui a comparé le clip à un « petit artefact fascinant du temps« .
En ce qui concerne les paroles, elles abordent dans Cold War le thème relativement vaste de la dualité, un sujet qui est vu ici comme étant une « guerre froide » (justement) de nos conflits intérieurs :
« You spend life fighting for your sanity. This is a cold war. You better know what you’re fighting for (…) I’m trying to find my peace. I was made to believe there’s something wrong with me. And it hurts my heart (…) Do you know what you’re fighting for ? (…) ».
Toutefois, et bien qu’il s’agisse là d’une thématique souvent douloureuse, il n’y a pas de place pour les perdants ou les dépressifs dans Cold War. Le rythme musical frénétique, associé à l’énergie palpable de Monae, fait contrepoint à ce sujet qui reste lourdingue. Bien au contraire, la dualité est une guerre intérieure qui peut être enterrée sous les sourires, les guitares électriques et les percussions. En soi, il s’agit là du fondement même de la musique, dont l’une des définitions est d’être une arme de combat universelle au-delà des épreuves de la vie.
J.M.
Cold War de Janelle Monae (Bad Boys Records, 2010)