Tous les hommes et femmes morts depuis l’aube de l’humanité jusqu’à l’année 1984 sont ressuscités sur les rives d’un immense fleuve. Ils sont nus, chauves, ils ont tous 25 ans et personne ne leur explique ce qu’ils font ici. Certains paniquent car ce n’était pas vraiment la version du paradis à laquelle ils s’attendaient. D’autres se morfondent d’avoir été séparés de leur famille, de leurs époux et enfants…Tous se demandent ce qu’ils font là.
Dans cette multitude, un homme a manifestement été désigné par le destin pour essayer de percer le secret du monde du fleuve. C’est Richard Francis Burton, un aventurier britannique ayant vécu au dix neuvième siècle, qui a découvert les sources du Nil et traduit les Mille et Une Nuits. Charismatique, roublard et entreprenant, il fédère rapidement autour de lui plusieurs compagnons: un néanderthalien, lady Helen, la petite nièce de Sir Lewis Caroll et Peter Jayrus Frigate, un américain du vingtième siècle, alter égo de l’auteur (ils ont les mêmes initiales).
La petite troupe fabrique un radeau pour remonter le fleuve, espérant trouver une explication à la source…la curiosité de Burton est aiguisée par les visites qu’il reçoit d’un mystérieux inconnu masqué appartenant à l’équipe qui a créé le monde du fleuve.
Le voyage est l’occasion de constater que les hommes n’ont pas mis bien longtemps à reprendre leurs vieilles habitudes. Les sociétés esclavagistes prolifèrent, les tyrans de la Terre sont redevenus des tyrans, les guerres font rage.
La force du récit est de mettre en situation des personnages histoiriques: Marc Twain, Tom Mix, Jack London, Ulysse, Jesus Christ, Jean Sans Terre (le méchant de Robin des bois), Cyrano de Bergerac et Herman Goering. Le voyage sur le fleuve, occasion de nombreuses péripéties, occupe les quatre premiers tome de la saga, publiée à partir de 1971. Le Monde du Fleuve suit Burton et sa troupe. C’est clairement le meilleur tome, notamment grâce à son ouverture qui voit l’humanité ressusciter un matin sur les rives du fleuves, l’étonnement, les interrogations, les premières découvertes et la construction du groupe. Ce livre est très dynamique, il saute de rebondissement en rebondissement. Les révélations sont nombreuses et on pose fébrilement le bouquin pour se jeter sur la suite, le Bateau Fabuleux. Hélas, Burton et sa troupe sont totalement absents de cet opus dont le principal protagoniste est un Mark Twain obsédé par la construction d’un bateau à roue, dans l’idée de remonter le fleuve. Dans Le Noir Dessein, c’est encore un autre groupe d’aventuriers qui construit un dirigeable pour remonter à la source du fleuve. Enfin tout le monde se retrouve dans Le Labyrinthe Magique où le groupe de Burton parvient à percer le mystère de la planète. La saga compte un ultime tome, Les dieux du fleuves, parfaitement inutile et bavard. Enfin, plusieurs recueils de nouvelles associées ont été publiés aux Etats-Unis.
Avec ce projet, Farmer n’a pas juste inventé une cosmogonie pour sa saga. Il a utilisé cet univers comme décor pour de nombreux écrits, rattachés ou non à la trame principale. Il a même demandé à d’autres auteurs d’écrire des histoires se déroulant dans le monde du fleuve. L’écriture s’est étalée sur plusieurs décennies. Cette étirement dans le temps explique quelques failles dans la structure du récit qui est en fait une compilation de nouvelles vaguement chronologiques plutôt qu’un véritable roman.
Tu trouveras la chronologie complète des publications du monde du fleuve sur ce site de fan en anglais, il y est même questions des deux adaptations en téléfilm qui n’ont pas dépassé l’étape du pilote. Ce billet ne serait pas complet sans un mot sur le jeu video Riverworld développé par Cryo Interactive, assez navrant au demeurant. Je t’ai mis deux screenshot pour conclure. Ils sont assez nazes, à l’image du jeu.