Nous Anahnou est le premier roman de Yaël Yermia paru aux éditions de Beauvilliers. Dans cette dystopie très moderne, il est question de mémoire et de résistance, d’hégémonie et de rébellion, de lutte des faibles contre les puissants. C’est un livre de science-fiction à la fois effrayant et philosophique. Effrayant de par l’imagination noire et apocalyptique de son auteure ; philosophique au sens où il nous donne à réfléchir sur les leçons non retenues de l’Histoire et sur la destinée de l’être humain, déshumanisé par un progrès technique croissant.
Nous sommes en 2150, à l’achèvement d’une ultime croisade où le christianisme a conquis la terre entière. L’O.N.U. s’applique à détruire la mémoire des derniers bastions résistants. “I” est l’ultime pays rebelle, celui qui lutte encore contre la Grande Destruction. En Equateur, Soa est prisonnière des Bone-Killers, une faction militaire à la solde de l’O.N.U. Elle est la dernière à posséder la mémoire de l’ancien Monde et à pouvoir sauver “I”. Eyal est chargé de récupérer la jeune femme dans une mission périlleuse, celle de la dernière chance.
« La dictature s’épanouit sur le terreau de l’ignorance. »
George Orwell
Yaël Yermia nous décrit un futur sombre où la pensée unique et la technologie sont les grands gagnants. Il n’y a de place ni pour la démocratie, ni pour le libre arbitre dans ce nouveau monde. Mieux, il existe un implant pour tout : quand on a faim, quand on est fatigué, quand on est blessé… Sans oublier celui qui réinitialise le cerveau et récupère la mémoire individuelle et collective. Les drones surveillent les individus et sont prêts à intervenir au moindre faux pas. L’hyper-technologie règne pendant que les valeurs humaines de diversité et de fraternité se meurent.
« Nous savons au moins une chose, c’est que l’homme est merveilleux, et que les hommes sont pitoyables. »
René Barjavel
A la lecture de ce roman d’anticipation, on pense assez rapidement à George Orwell et 1984, mais aussi à la nuit des temps de René Barjavel. Il y a également un côté Boualem Sansal dans la description d’une soumission de l’humanité par une religion devenue totalitaire. Enfin, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir aussi le pessimisme de Michel Houellebecq dans l’avenir de l’homme rendu fou et dépendant d’un progrès scientifique et d’une régression spirituelle.
« Plus on diminue les hommes, plus ils se voient grands et forts »
Boualem Sansal
Avec une plume très visuelle, Yaël Yermia nous emmène dans une œuvre littéraire très cinématographique. Des phrases courtes, beaucoup de dialogues, de nombreux chapitres succincts comme autant de scènes nous happent dans ce livre à la manière d’un film. Il est très difficile de le lâcher tant le récit est rythmé. Ecrit comme un thriller, il plaira également aux lecteurs peu gourmands de science-fiction. Si votre petit libraire n’a pas eu la bonne idée de mettre Nous Anahnou dans sa vitrine ou sur l’un de ses bancs d’exposition, commandez-le lui. Nul doute qu’après lecture, vous lui conseillerez une mise en avant de ce très bon premier roman.
Nous Anahnou de Yaël Yermia est aux éditions de Beauvilliers.
Lopet
Je confirme, ce livre est un chef-d’oeuvre, dès les premières lignes, nous sommes pris par le récit haletant d’un monde futuriste où l’on ne voudrait pas vivre!
Une idée de cadeau pour les fêtes qui arrivent !
L'homme des cavernes
Merci pour ce commentaire. Une belle idée cadeau effectivement.
lauro dominique
tout est dit,la puissance de ce roman est brillamment restituée par cette critique et nous attendons avec beaucoup d’intérêt une adaptation cinématographique d’Anahnou
L'homme des cavernes
Merci ! Une adaptation au cinéma, oui évidemment, on dirait presque que ce livre est fait pour ça.