Oblivion : la grande offensive du Tèt’…

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Oblivion. Titre prophétique.

On l’attendait en secret depuis des mois, on regardait les belles images de nature reprenant ses droits sur le gigantisme de l’architecture étatsunienne, et Tom Cruise (encore lui) en combinaison blanche de sentinelle purificatrice de la planète redevenue sauvage… Déjà, on sentait que cette pureté minérale en noir, blanc et tons de gris, c’était louche ; mais comment, pourquoi ? Mystère et éclairs en boule.
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Finalement début 2013,  Joseph Kosinski lève le voile. Comme Johnny descendait de l’hélicoptère au Stade de France, Tom Cruise/Jack Harper descend du technoptère pour son bain de foule annuel, comme s’il se nourrissait de cette curiosité qui nous attire devant les écrans de cinéma (je crois qu’on tient une piste). Une foule invisible acclame le héros unique, seul devant l’immensité d’un monde qui n’a plus de sens, vidé de ses habitants – à part un malheureux chien noir et, bien sûr, les hordes immondes de nécrophages (« scav(engers) », en français les…chacals. Sans commentaire). On reste donc un heureux moment béat devant ces grands espaces remodelés, volcaniques, où pointent encore ça et là les sommets d’une Amérique/Monde que ses habitants ont fui, nous dit-on, pour Titan. T’as qu’à croire. Restent des souvenirs discographiques (Led Zeppelin, Pink Floyd, Blüe Öyster Cult…) et bibliographiques au pouvoir mémoriel puissant, puisqu’ils font ressurgir la mémoire effacée mais surtout enfouie tout au fond de cet Humain résiduel, dont Harper et sa collègue Viki sont les symboles vivants, presque les totems. Ils règnent en caricature de couple sur un domaine planétaire nucléairement revirginisé, s’ébattant religieusement dans un univers-design à mi-chemin entre paradis high-tech et catalogue de meuble suédois.
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Mais c’était compter sans la soif de connaissances perdues du technicien Jack Harper, matricule 49… Et tout un lot de coïncidences qui n’en sont pas et qui joignent pour de bon la boucle 2017-2077. Allez, je ne vais pas m’étendre plus longtemps sur le scénario ; parce que j’en dirais trop, parce qu’on l’a lu 20 fois sur les sites spécialisés, et parce que franchement, c’est creux.

Alors voilà, pour admettre que ce film est une réussite visuelle, on est d’accord. On a en permanence l’impression d’errer dans un vaste clip publicitaire, ambiance chorégraphiée, esthétique… Parfois trop. Dans les vastes paysages islandais ça va, les cargos rouillés échoués dans les sables noirs sont très jolis, les stations de contrôle perchées sur une jambe en haut d’une chaîne de montagne et les stations de pompage à perte de vue comme une transposition futuriste de l’industrie pétrolière, ça fonctionne – même si c’est attendu. Par contre, les passages sentimentaux-souvenirs donnant quasiment dans la pub pour produit romantique de luxe, on est peut-être un peu moins client. Et puis tiens, parlons-en, du romantisme ; les histoires d’mour et la science-fiction peuvent faire bon ménage (‘Blade Runner’) mais très franchement là, c’est tellement lourd et convenu – un peu comme le slow qu’Olga Kurylenko/Julia dégotte dans la cabane et qui contraste sauvagement avec le ‘Ramble On’ zeppelinesque des moments de solitude – qu’on en peut vite plus. Les ressorts sentimentaux sont si prévisibles, si niais naïfs, à l’image du personnage d’Andrea Riseborough/Victoria…et des autres, en fait.
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Reste l’intrigue digne d’un jeu vidéo pour se sustenter, mais chichement. On est dans le ressassement, la citation qui peine à se renouveler vraiment. Une fois le mystère ‘scavengers’ résolu, la fin n’est plus qu’une question de temps. L’idée, c’est que l’humain reste humain jusqu’au bout, jusqu’au tréfonds de son être immuable ; et quand, tel Brad Pitt/Achille défiant le panthéon dans Troie, Cruise/Harper prononce dans un juron typique, à la ricaine, un ‘tétragrammaton’ bien peu mystérieux finalement, comme pour effacer du front du golem la lettre capitale et rompre ainsi le charme, au lieu de l’humilité reste seulement l’arrogance (très éculée) du guerrier d’outre-altlantique. Et c’est dommage.

 

La bande-annonce, quand même : 

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