Dans la musique de Paulie, l’assise est solide. T’as déjà imaginé un fauteuil Starck taillé dans du marbre ? Du marbre moderne, veiné, à base de ‘calcaire métamorphique’. L’expression est chelou, mais elle fait un écho parfait à cette musique puissante et ciselée, comme l’angle d’un accoudoir tranchant et précis.
Assieds-toi gros, tu finiras par danser sur ce siège.
Le décors est total, l’évocation englobante. On ne sait pas exactement où on est situé dans le temps parce qu’on va traverser des époques au travers de ces sons à la fois rétro et ultra moderne. Ca ne va pas trop vite mais ça va marteler, ta-basser, pour partir là où tu voudras aller dans ce que tu imagines de psychédélique.
L’ambiance est homogène, inspirée, large mais constante. Et surtout, le son est riche, il se dessine autour de niveaux comme les cordes d’un grand instrument électronique. Chaque couche de musique évolue en montées lancinantes, qui aboutissent à un déchaînement rythmique et maîtrisé. Il y a des effusions, des débordements émotionnels, sans pour autant que ce soit la merde et le foutoir.
Plutôt une grande, une vaste mécanique. Comme les archives de ‘Pour Ont Son’, des roulements, des engrenages, des pistons, et une voiture qui roule beaucoup plus vite que toutes les autres. Au final, l’image est claire, c’est avant tout un son mature, sans être plus pensé ni maniéré, mais simplement plus évolué que centaines des prods pré-pubères à juvéniles qu’on nous vend comme les nouveaux génies du 21ème siècle. Ok, mais que jeunesse se fasse. Et aujourd’hui, moi et mon grand âge, on avait surtout pas envie de tomber dans cette déconne No-Futur/FUCKFUCKFUCK/I’m the King of the World adolescente.
Pas le Grand Bal des Débutants, ce soir-là je cherchais quelque chose de plus complexe, qui te propose le paysage d’un vécu un peu plus long. Une musique électronique, qui ne soit pas un divertissement.
Mais attention, je ne voudrais pas que l’on fasse de raccourci, Paulie Jan ça défonce aussi en live. (Et il a envoyé du très lourd en décembre dernier, le 15 précisément au Rocher de Palmer dans un set court mais hyper efficace.)
La télé était allumée sans le son, et pendant que ça tournait sur mon ordi je regardais un combat d’éléphants. Pur hasard, mais ça fittait à merveille avec ce que ça m’évoquait. Le marbre, la lutte à coup de défense, y’a quelque chose de naturel et de similaire dans ces deux trucs qui n’ont rien à voir. L’EP est passé très vite, allant d’une atmosphère vers une autre en toute logique.
Je me suis donc dit que j’avais hâte qu’un album arrive, un jour ?
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